LA ZONE INDUSTRIELLE
La zone industrielle.du KSC est située sur Merritt Island, au Sud-Est de l’intersection de la Kennedy Parkway South et de la NASA Parkway East, à 8 km au sud du complexe de lancement, et reliée à celui-ci par une route à quatre voies. La zone industrielle a une surface d'environ 433 ha (1 070 acres). Son plan d'implantation est en grande partie élaboré par le Master Planning Board, avec l'aide de petits comités qui sont créés pour se concentrer sur les installations, l'instrumentation et les communications. Les rues de la zone industrielle sont disposées selon un quadrillage. Celles qui vont du Nord au Sud reçoivent des désignations alphabétiques; celles qui s'étendent d'Ouest en Est, des désignations numériques. Cette zone est scindée en plusieurs secteurs où plus de 50 bâtiments de presque autant de types différents accueillent diverses activités liées au lancement : administratif, ingénierie et support, ainsi que d'opérations des engins spatiaux. Dans la partie orientale, près de la rivière Banana, s'étendent sur plusieurs blocs des structures conçues pour la vérification des vaisseaux spatiaux Apollo et les préparatifs de lancements.
LE MANNED SPACECRAFT OPERATION BUILDING (M7-355)
Le plus grand de ces ouvrages est le bâtiment "Manned Spacecraft Operations Building" (ou MSOB) dans lequel Walter J. Kapryan, directeur des opérations de lancement, le Dr Hans F. Gruene, patron du lanceur, et John J. Williams, directeur du vaisseau spatial Apollo, ont leurs bureaux. Son emplacement se situe le long de la première rue à l'Est du quartier général entre les avenues D et E.
Le MSOB est la base de préparation des vaisseaux spatiaux. La structure abrite la plupart des principaux ingénieurs de la NASA et des contractants, ainsi que les responsables des essais des engins spatiaux.
Le saviez-vous? Le bâtiment tient son nom du fait qu'il était le siège administratif prévu du Manned Spaceflight Center-Florida Operations, qui relevait du MSC de Houston. Il a conservé son nom après que le MSC-FO soit devenu le KSC's spacecraft operations directorate en1965.
C'est la société Azzarelli Construction Company qui est en charge des travaux de terrassement pour cet édifice. Pour cela, elle utilise la méthode de surcharge pour préparer le sol. Elle empile du sable sur le site de construction jusqu'à ce que sa masse soit approximativement équivalente à celle de la future structure. La lourde charge obtenue comprime ainsi les couches souterraines d'argile et de corail, en extrayant les liquides. Les entrepreneurs ont utilisé des pieux pour les parties du bâtiment construites ultérieurement, ainsi que pour tous les autres bâtiments de Merritt Island. Ces travaux préliminaires sont achevés en novembre 1962. Le 16 janvier 1963, la coentreprise formée par Paul Hardeman et Morrison-Knudsen obtient un contrat de 7 691 624 $ pour la construction proprement dite ; la pose officielle de la première pierre a lieu douze jours plus tard. Bien que l'installation originelle ait été achevée en 1964, elle a fait l'objet d'ajouts, de modifications et d'altérations continues au cours des cinq années suivantes. Ces travaux faisaient l'objet d'un contrat distinct attribué à Donovan Construction, Power Engineering et Leslie Miller, Inc. et comprenaient des ajouts à chaque extrémité des ailes Nord et Sud.
Le bâtiment est conçu selon les principes du style international, caractérisé par l'absence d'ornement, un toit plat, des fenêtres en ruban et l'accent mis sur l'horizontalité. Il a des dimensions hors tout de 225,55 m (740 ft) de longueur (Est-Ouest) et 128 m (420 ft) de largeur (Nord-Sud) et compte cinq étages. Il est composé de deux éléments rectilignes proéminents, orientés Est-Ouest, reliés par trois connecteurs étroits orientés Nord-Sud. Le bâtiment a une fondation en béton, des murs composés d'une ossature en béton et acier avec des panneaux muraux préfabriqués en béton, et un toit plat bâtit. Le bâtiment est divisé en cinq zones fonctionnelles : bureaux d'ingénierie et d'administration, auditorium et cafétéria, laboratoire et salle de contrôle, zone d'assemblage et d'essai des baies hautes et basses (aile sud du bâtiment) et zone de services. Il contient près de 55 742 m² (600 000 ft²) de bureaux, de laboratoires et de zones d'assemblage de vaisseaux spatiaux.
Le MSOB est utilisé pour la modification, l'assemblage et la vérification non dangereuse de tous les engins spatiaux habités (ceux-çi étant non armés et n'ayant pas leur plein d'ergol). La grande baie et la petite baie sont destinées à l'intégration et aux tests des engins spatiaux (le CSM et le LM). Dans la petite baie de l'installation, chaque module du vaisseau spatial Apollo : module de commande (CM), module de service (SM) et module lunaire (LM) est reçu et inspecté séparement, puis déplacé dans la zone de la grande baie pour être intégré et testé. Les véhicules y passeront environ trois mois. Une fois ces opérations terminées, le vaisseau spatial au complet est transporté dans le VAB (Vehicle Assembly Building) pour être accouplé au lanceur Saturn V.
Le saviez vous ? Le MSOB est un immense bâtiment, dont l'empreinte est plus de trois fois supérieure à celle du complexe du centre de contrôle des missions (MCC) à Houston.
Les équipages d'astronautes travaillant au KSC, vivent dans les quartiers des astronautes qui se situent à l'extrémité Ouest du second étage (3rd floor) du bâtiment Sud du MSOB. Pendant les préparatifs de vol, qui s'étendent sur plusieurs semaines, ils se familiarisent avec les systèmes de vol de leur mission et suivent également un entraînement aux procédures finales dans les simulateurs de module de commande et lunaire. Les quartiers consistent en trois appartements pour trois personnes, un petit gymnase, un salon et une cuisine. À proximité se trouve une petite clinique médicale entièrement équipée pour les examens pré-vol et post-vol qui déterminent les effets d'un vol spatial prolongé sur le corps humain. En plus des contrôles de routine, les astronautes doivent subir trois examens physiques à l'approche de la mission. Le plus critique a lieu trois jours avant le lancement. Le premier contrôle physique formel a lieu 10 jours avant le vol et le dernier le matin du lancement. Une table basculante est utilisée pour de nombreuses mesures afin de vérifier les effets de la désorientation. Ce n'est qu'après que les médecins aient certifié qu'ils sont complètement aptes que les astronautes enfilent leur combinaison spatiale et montent à bord du vaisseau. Ailleurs dans ce même bâtiment, on trouve des installations pour l'évaluation et l'enregistrement des données des vaisseaux spatiaux pendant les vols simulés et réels, ainsi que des salles blanches, un laboratoire de dysfonctionnement, des laboratoires de vérification et d'étalonnage des instruments, des laboratoires bio-médicaux et bio-chimiques, des équipements de contrôle d'acceptation. Enfin, une station du bureau météorologique américain, car des prévisions météorologiques précises et opportunes sont essentielles pour les lancements habités.
ZONE D'ASSEMBLAGE ET DE TEST
Cette dernière, est découpée en 2 secteurs qui consiste en une grande baie (high bay) de 47,85 m (157 ft) de long, de 25,90m (85 ft) de large et de 31,69 m (104 ft) de haut, adjacente à une petite baie (low bay) de 144,78 m (475 ft) de long, de 21,33 m (70 ft) de haut et de même largeur que la grande baie. La petite baie, qui est principalement un espace ouvert, est l'endroit où les étages du module lunaire arrivent et sont inspectés, et où il est vérifié. Trois petites chambres d'altitude bordent son mur Nord-Ouest. Deux chambres hyperbares (l'une prêtée par la marine américaine et l'autre portable) peuvent être utilisées pour stabiliser les astronautes en cas de décompression d'urgence lors d'un test de chambre d'altitude avec le vaisseau spatial. La chambre M peinte en blanc est un vestige des programmes Mercury et Gemini (voir photo ci-dessous). La grande baie est équipé de deux ponts roulants à 30 m (100 ft) de hauteur et la petite baie d'un seul à 15 m. Chacun des trois ponts roulants de l'aire d'assemblage a une capacité de 27,5 tonnes. Les modules de commande et de service entrent par les portes situées à l'extrémité Est de la grande baie. Dans son angle Nord-Est, se trouvent deux grands stands d'intégration dotés de plusieurs niveaux de plates-formes de travail qui peuvent être repliées autour du vaisseau spatial ou relevées pour le dégager. A la fin du processus de vérification, le vaisseau spatial assemblé au complet est sorti du bâtiment par les grandes portes à panneaux relevables à l'extrémité Est de la grande baie et transporté vers le VAB.
LES CHAMBRES D'ALTITUDE OU APOLLO ALTITUDE SIMULATION SYSTEM
Les deux chambres d'altitude sont conçues et fabriquées par la Stokes Equipment Division de la Pennsalt Chemical Corporation ; leur installation est achevée en 1965 par la Pittsburgh Des Moines Steel Corporation, la Elsbery Corporation et la Fischer Electric Corporation. Les deux chambres sont placées l'une à côté de l'autre dans le coin Nord-Est de la High Bay, directement à l'Ouest des deux bancs d'essai et d'intégration, la chambre R à l'Ouest et la chambre L à l'Est. Elles sont entourées d'une série de plates-formes de travail fixes en acier. Ces plateformes ont des dimensions globales approximatives de 28,9 m (95 ft) de longueur (Est-Ouest) et 12,80 m (42 ft) de largeur (Nord-Sud). Ces plates-formes comportent quatre niveaux : le niveau 0'- 0", ou rez-de-chaussée ; le niveau 15'-0", ou deuxième niveau ; le niveau 30'-9", ou troisième niveau ; et le niveau 40'-2", ou quatrième niveau ; des garde-corps entourent le périmètre des étages supérieurs. Ces plates-formes permettent d'accéder à la surface extérieure de la chambre pour l'observation visuelle et les différents raccordements (électricité, communications, gaz...). En outre, le niveau du rez-de-chaussée donne accès à la porte d'entrée inférieure, et le deuxième niveau donne accès à la salle de contrôle, ainsi qu'aux sas. Les deux chambres d'altitude sont des images miroir exactes l'une de l'autre. Chacune est composée de deux éléments principaux : une chambre principale cylindrique et un sas rectangulaire. Les dimensions de la chambre principale sont 10,21 m (33,5 ft) de diamètre et de 17,98 m (59 ft) de hauteur, en comptant les têtes sphériques supérieure et inférieure, et elle est construite en acier inoxydable. Les parois sont composées de coques épaisses de 1,27 cm (1/2 in) renforcées par dix-huit cornières horizontales espacées régulièrement sur toute la hauteur de la paroi ; les têtes ont une épaisseur de 1,42 cm (9/16 in) et sont renforcées par des Tés structurels qui s'étendent dans deux directions. La tête supérieure est amovible pour permettre aux engins spatiaux et autres équipements d'être placés à l'intérieur à l'aide des ponts roulants. Ce dôme supérieur n'est pas fixé au mur, mais sa masse appuie sur un joint d'étanchéité, qui forme le raccord supérieur. Cela permet à la tête supérieure d'agir comme un dispositif de décompression en cas de surpression de la chambre. Des rainures correspondantes dans la surface de la paroi supérieure de la chambre et dans la tête supérieure contribuent à resserrer le joint et permettre un alignement correct.
La paroi cylindrique de chaque chambre est parsemée de dix emplacements d'observation, de vingt-cinq panneaux de connexion et de trente-huit raccords de service. Les emplacements d'observation sont placés à des hauteurs accessibles depuis les plates-formes externes : deux au rez-de-chaussée, quatre au deuxième niveau et quatre au troisième niveau. Chaque hublot a un diamètre de vision de 30,48 cm (12 in) et est composé de deux couches de verre trempé Herculite® de 19,05 mm (3/4 in) avec un espace vide de 2,77 cm (1 3/32 in) entre les vitres. Les vingt-cinq panneaux de connexion sont de tailles différentes et sont répartis sur toute l'élévation de la chambre, tout comme les trente-huit raccords. Tous les panneaux de connexion et les raccords sont étanches et fournissent des ports pour les câbles électriques, de communication et de télévision en circuit fermé, les conduites d'oxygène, les conduites d'eau, les conduites cryogéniques et d'autres utilitaires nécessaires. Les autres pénétrations autour de la chambre principale comprennent un port d'observation et deux raccordements dans le dôme supérieur, quatre autre raccordements dans le dôme inférieur, ainsi que divers panneaux de connexion et raccords de rechange.
Il y a deux points d'accès pour le personnel dans chaque chambre d'altitude, dont l'un est le sas. L'autre point d'accès du personnel est la porte d'accès au rez-de-chausée. Capable de supporter le vide complet, la porte mesure environ 2,2 m (6'-8") de hauteur et 91 cm (3'-0") de largeur. Elle est construite en acier, munie d'un joint d'étanchéité et équipée d'un orifice d'observation de 30,48 cm (12 in) de diamètre. Un mécanisme de verrouillage spécial fixe la porte au cadre pendant le fonctionnement de la chambre. L'intérieur de chaque chambre d'altitude consiste en un grand espace ouvert, avec presque toutes les caractéristiques permanentes montées sur la surface intérieure de la coque. L'un de ces éléments est un ensemble d'escaliers en acier inoxydable de 60 cm (2'-0") de largeur, qui sont soudés à la paroie.
Le sas mesure 4,36 m (14'-4") de long, 2,28 m (7'-6") de large et 2,28 m (7'-6") de haut, et est composé de plaques d'acier au carbone renforcées. Comme la chambre principale, les côtés du sas sont équipés de diverses pénétrations, dont deux ports d'observation, l'un à l'intérieur de la porte d'entrée et l'autre sur un mur latéral (mur Est pour la chambre L ; mur Ouest pour la chambre R), et deux panneaux de connexion, tous deux sur le "plafond". En outre, il y a quarante-six connexions utilitaires réparties sur les murs Est, Nord et Ouest et sur le plafond. La porte d'entrée du sas, qui est exactement la même que la porte du rez-de-chausée, se trouve sur le côté Nord. En outre, il y a deux chaises d'observation dans chaque sas ; une sur le mur Nord (à gauche de la porte de la chambre L ; à droite de la porte de la chambre R), et une sur le mur Est (chambre L) ou le mur Ouest (chambre R). À l'intérieur, le sas est divisé en deux compartiments : le sas d'observation, qui jouxte la chambre principale, et le sas extérieur, au Nord.
Le sas d'observation a des dimensions approximatives de 2,60 m (8'-7") de longueur et 2,28 m (7'-6") de largeur ; le sas extérieur mesure environ 1,33 m (4'-5") x 2,28 m (7'-6"). Ils sont séparés par une porte d'accès qui correspond à l'entrée du sas ; le même style de porte permet également d'accéder du sas d'observation à la chambre principale. Dans chacune de ces sections, il y a trois sièges pour le personnel de sauvetage, et divers panneaux permettant à l'équipage de surveiller les systèmes à l'intérieur de la chambre pendant les procédures de test.
En même temps, une zone d'assistance pour les chambres est établie parmi les bureaux du deuxième étage de l'aile sud du MSOB, directement au Nord de celles-ci. Cette zone comprend la salle de contrôle des chambres d'altitude (figure ci-dessus), qui est située entre leurs sas respectifs. La salle de contrôle est une pièce de 7,62 par 7 m (25 par 23 ft). Le mur Sud de la salle de contrôle est équipé de fenêtres permettant un accès visuel à la paroi extérieure des chambres. De plus, l'extrémité Ouest de la salle s'ouvre directement sur la zone du sas de la chambre R ; l'extrémité Est comporte un mur qui sépare la salle de contrôle de la chambre L. La salle des pompes pour les chambres est située de l'autre côté de la High Bay au Sud ; un tunnel au niveau du sous-sol du bâtiment transporte les tuyaux des équipements de la salle des pompes aux chambres.
Les chambres d'altitude ont été requalifiées pour l'homme en 1968 après des modifications mineures. Elles ont été utilisées tout au long du programme Apollo.
UTILISATION DES CHAMBRES
Tout au long du programme Apollo, les chambres d'altitude sont utilisées pour tester les systèmes critiques des vaisseaux spatiaux, ainsi que pour entraîner les astronautes, en simulant les environnements rencontrés au cours d'une mission. Avant ces tests, les différents modules sont livrés conditionnés séparément à la petite baie par des transporteurs spéciaux, où ils sont soumis à une inspection approfondie.
Le CSM intégré (monté) est ensuite inséré dans la chambre L, agencée spécialement pour le tester ; et le LM est placé dans la chambre R, à l'Est. Cette opération est menée à l'aide des deux ponts roulants se trouvant dans les baies. La grue de la grande baie soulève le couvercle de 27,5 t de la chambre appropriée, tandis que l'autre grue, qui traverse les deux baies, soulève le module du vaisseau spatial et le descend ensuite dans la chambre. Une fois les modules dans leur chambre respective, les différentes plateformes d'accès sont mises en place. Le processus de test de chacun des modules est essentiellement le même, à l'exception d'une légère différence dans la première étape et de l'ajout d'une cinquième étape pour le LM.
- La première étape pour le CSM consiste en une vérification approfondie de l'engin spatial, des tests d'intégration et la connexion de tout le câblage nécessaire une fois le module dans la chambre L. La procédure pour le LM est différente dans la mesure où les tests d'intégration sont achevés avant qu'il ne soit placé dans la chambre R. Ensuite, après son insertion, tout le câblage nécessaire est réalisé.
- La deuxième étape du processus consiste à effectuer des tests habités au niveau de la mer pour chaque module. En général, cela comprend deux essais, l'un avec l'équipage principal et l'autre avec l'équipage de réserve. Une fois les essais au niveau de la mer terminés avec succès, un essai en altitude non habité est effectué, après quoi viennent deux essais en altitude habités, l'un avec l'équipage principal, le second avec l'équipage de réserve. Le processus d'essai du CSM se termine avec l'achèvement réussi des essais d'altitude habités ; le LM subi un essai d'altitude non habité supplémentaire après les deux essais habités.
Pendant l'utilisation opérationnelle, un contrôleur d'essai de la NASA est responsable du programme et des procédures d'essai ; l'opérateur du complexe Bendix est responsable des activités du personnel opérationnel. Le nombre de personnes requises pour les opérations de test différe entre les tests sans équipage et les tests avec équipage. Les premiers nécessitent dix-huit contrôleurs et deux personnes de renfort pour chaque équipe de douze heures ; les seconds nécessitent trente-six contrôleurs par équipe, avec une équipe de renfort minimale de deux personnes chargées des opérations et d'une personne chargée du sauvetage. Toutes les opérations sont dirigées et contrôlées, automatiquement ou manuellement, depuis la salle de contrôle, située entre les deux chambres au Nord. Bien qu'ils soient capables de simuler une altitude de 76 000 m (250 000 ft) au-dessus du niveau de la mer, les tests d'altitude des modules du vaisseau spatial Apollo sont effectués à une altitude simulée de 64 000 m (210 000 ft). Pendant les tests, des équipes de secours occupent les deux sas en cas d'urgence à l'intérieur de la chambre.
Les sas sont maintenus à une altitude simulée de 5486,4 m (18 000 ft) au-dessus du niveau de la mer; les opérations de sauvetage ont eu lieu à une altitude simulée de 7620 m (25 000 ft) au-dessus du niveau de la mer. Les chambres sont équipées d'une série de systèmes interdépendants, ce qui leur permet de fonctionner comme prévu. Ces systèmes comprennent : le système de vide, ceux de repressurisation, cryogénique, d'oxygène, de régulation thermique par eau froide, l'ensemble et l'instrumentation des vannes, le système de purge d'azote gazeux (GN2), de déluge d'eau, de climatisation, d'instrumentation, de détection d'incendie, et de distribution d'énergie électrique. Ceux-ci sont agencés de manière à ce que le même équipement soit utilisé pour les deux chambres; cependant, dans certains cas, des équipements différents sont utilisés pour les chambres et les sas (comme les pompes à vide). Tous les systèmes peuvent être contrôlés et/ou surveillés depuis la salle de contrôle.
Le processus de mise en altitude d'une chambre commence par l'initialisation de la fonction principale du sous-système de pompe à vide du système de vide, qui extrait l'air de la chambre (une seule peut être évacuée à la fois), créant ainsi le vide. Le système cryogénique correspondant sert à éliminer les vapeurs condensables, qui pourraient endommager l'équipement des chambres, à l'aide de vannes qui fournit un approvisionnement continu en air sec afin de dissiper l'humidité. Pendant ce temps, le système d'eau froide est activé "pour éliminer la chaleur générée par les diverses unités employées dans les systèmes de vide et de repressurisation, leur permettant de fonctionner dans des limites de température sûres". Une fois l'altitude appropriée atteinte, le sous-système principal de pompe est arrêté et le sous-système de maintien du vide est activé pour maintenir la chambre en altitude. Ce sous-système permet également d'utiliser le sous-système principal de pompe pour évacuer la seconde chambre. Les sas des chambres ont leur propre sous-système de pompe à vide.
Une fois les tests terminés, le système de repressurisation est initialisé pour ramener les chambres et les sas au niveau de la mer en fournissant de l'air respirable avec une quantité minimale d'humidité. Le système est équipé pour repressuriser la chambre à la fin d'un test mais aussi en cas d'urgence. En fonctionnement normal, après un test, le caisson et le sas sont égalisés à un niveau de 7620 m (25 000 ft) au-dessus du niveau de la mer, où ils sont maintenus pendant une courte période, puis redescendus au niveau de la mer ; il n'y a pas de facteur temps critique. Dans des situations d'urgence, le système a la capacité de repressuriser la chambre à une altitude de 7620 m (25 000 ft) en trente secondes, d'où des opérations de sauvetage sont menées. Les autres systèmes des chambres fournissent des fonctions de soutien pour une utilisation de routine ou des procédures d'urgence. Par exemple, le système de purge GN2 contrôle la concentration d'oxygène dans les chambres et les sas pendant les simulations d'altitude, et le système de climatisation maintient leur température à 21°C (70° F) lorsqu'aucun test n'est en cours. Le système d'oxygène fourni de l'air respirable de secours à l'équipe de sauvetage en cas de panne de leur alimentation respiratoire principale, et le système de déluge d'eau fourni une protection au personnel en cas d'incendie pendant l'opération d'évacuation.
LE STAND D'INTÉGRATION
Le stand d'intégration consiste en une structure en acier avec des plates-formes fixes et mobiles, qui permettent d'accéder à l'extérieur du vaisseau spatial. Le stand est situé entre les colonnes 1 et 4, à côté du mur Nord de la zone d'assemblage et d'essai. La structure mesure environ 11,88m (39 ft) de large sur 23,16m (76 ft) de long. Les fondations des colonnes sont situées à moins 3,65m (-12 ft). Une plate-forme fixe est située à l'élévation zéro, qui est le rez de chausée de la zone. Le stand est divisé en deux zones. Chaque zone comporte trois plates-formes mobiles, positionnées par un système de levage. La plate-forme n°1 peut être située entre les élévations +3,04m (+10 ft) et +6,09m (+20 ft) ; la plate-forme n°2, entre les élévations +7,62m (+25 ft) et +10,66m (+35 ft) ; la plate-forme n°3 peut être située entre les élévations +12,19m (+40 ft) et +13,71m (+45 ft).
Dans la zone Est, la plate-forme fixe a une ouverture circulaire dégagée de 6,40m (21 ft). Les sections articulées se soulèvent pour donner une ouverture maximale de 7,21m (23 ft 8 in). Les plates-formes n° 1, 2 et 3 ont chacune une ouverture de 4,57m (15 ft). Dans la zone Ouest, la plate-forme fixe a une ouverture libre de 4,57m (15 ft). Les sections articulées se soulèvent pour donner une ouverture maximale de 5,39m (17 ft 8 in). Les plates-formes n° 1, 2 et 3 ont chacune une ouverture de 4,57m (15 ft).
ACCEPTANCE CHECKOUT EQUIPMENT FOR SPACECRAFT SYSTEM (ACE)
L'équipement de contrôle d'acceptation pour les systèmes d'engins spatiaux (abrégé en ACE-SC ou simplement ACE) facilite les essais et le contrôle des vaisseaux spatiaux Apollo au KSC. Quatre salles ACE se trouvent au troisième étage du MSOB, deux pour le CSM et deux pour le LM. Les salles du CSM sont des images miroir des salles du LM, et une salle "CSM" et une salle "LM" sont jumelées avec un mur commun les séparant. Dans un test donné, une paire de salles CSM et LM est principale et l'autre, sert de sauvegarde. Lorsque plusieurs missions sont en cours, une paire de salles ACE peut être dédiée à une mission et l'autre paire à l'autre mission. La station ACE est répartie dans une salle informatique, des salles de contrôle et une salle de terminal. L'équipement de l'ACE et les équipements périphériques sont installés au même endroit que l'engin spatial ou les systèmes de soutien au sol en cours d'essai, soit à l'étage des vérifications, au VAB ou sur l'aire de lancement. La salle informatique ACE abrite le complexe informatique, des parties du système de commande, l'équipement d'acquisition et de décodage des données, une partie du système d'affichage alphanumérique à tube cathodique, l'équipement de diagnostic du système au sol et d'autres équipements périphériques.
Deux ordinateurs CDC-168 forment le cœur de la salle informatique. L'un d'entre eux, désigné comme l'ordinateur de commande numérique, traite les commandes transmises par les salles de contrôle à l'engin spatial et assure l'interface avec l'équipement de soutien au sol. L'autre ordinateur est l'ordinateur de traitement des données, qui pilote les affichages de données dans la salle de contrôle et contrôle les périphériques. Au KSC, la salle informatique ACE se trouve au quatrième étage du MSOB. Elle est reliée par un système de transmission vidéo à large bande au VAB, au centre de contrôle du lancement (LCC) et aux rampes de lancement. Les ordinateurs ACE et les ordinateurs de contrôle au sol RCA 110A pour Saturn V partagent des connexions limitées (registres d'entrée/sortie dédiés et interruptions prioritaires). L'ordinateur ACE est également interfacé avec les ordinateurs de guidage du module de commande et du module lunaire.
La salle du terminal contient les interfaces et les correctifs entre l'équipement de test à distance de l'ACE, la salle informatique et les salles de contrôle. Le terminal abrite également le générateur de code temporel pour les affichages en temps réel dans la station au sol, un générateur de compte à rebours pour piloter les horloges de compte à rebours, et des parties du système de commande et des pilotes d'affichage CRT. La salle de contrôle ACE est l'équivalent de la direction des opérations des engins spatiaux de la salle de contrôle du centre de contrôle du lancement. Chaque salle ACE du MSOB est divisée en deux sections principales. Les responsables des essais (généralement un ou deux membres de la NASA et deux du sous-traitant) sont assis à des consoles sur une plate-forme surélevée dans un coin de la salle, et immédiatement derrière eux se trouve une zone d'observation vitrée. Cette partie de la salle est analogue à la zone de gestion de mission de la salle de tir. La zone d'observation s'étend sur les deux salles ACE adjacentes.
La section principale d'une salle de contrôle ACE compte environ 50 consoles et enregistreurs à bande disposés en trois arcs concentriques. De nombreuses consoles sont équipées de tubes cathodiques qui affichent les données d'essai en temps réel en format alphanumérique. D'autres affichages analogiques et numériques fournissent des informations au niveau des sous-systèmes, complétant ainsi les informations présentées aux ingénieurs sur les CRT.
Les conducteurs de test reçoivent des informations sommaires sur leurs consoles. Au cours d'un essai en grandeur réelle d'un CSM ou d'un LM, environ 50 personnes travaillent à la station ACE au KSC. Un ingénieur et un spécialiste surveillent et contrôlent l'équipement dans la salle du terminal. Onze ingénieurs et techniciens occupent la salle des ordinateurs. Environ 35 personnes travaillent dans la salle de contrôle. Le chef des essais du système et l'ingénieur du projet d'essai sont assis aux consoles élevées des conducteurs de test, d'où ils peuvent observer toutes les opérations dans la salle de contrôle. Les ingénieurs d'essai sont postés aux consoles correspondant à leurs domaines et systèmes fonctionnels. Les ingénieurs principaux s'asseoient généralement aux consoles basses au centre de la salle, tandis que les ingénieurs d'essai qu'ils dirigent se tiennent aux différentes consoles verticales le long du mur.
LE BÂTIMENT DU SIÈGE SOCIAL
La fondation du bâtiment du siège social est construite en béton armé et est composée d'une dalle de béton armé de 10,16 cm (4 in) d'épaisseur sur un remblai compacté et des semelles en béton armé.
LE RÉSEAU FERROVIAIRE DU KSC (NASA Railroad)
La NASA Railroad est une ligne de chemin de fer industrielle de classe III de 61,15 km (38 mi) sur le Kennedy Space Center en Floride centrale. Il se connecte à des voies supplémentaires de l'Air Force sur la base aérienne de Cap Canaveral. Le système ferroviaire appartient au gouvernement et est exploité par des entrepreneurs.
En 1963, la Florida East Coast Railway ( ou FEC) construit une liaison de 12,07 km (7,5 mi) vers le Centre spatial Kennedy à partir de sa ligne principale qui se trouve juste au Nord de Titusville, en Floride. La ligne nécessite la construction d'un pont basculant sur l'Indian River, qui fait partie de l'Intercoastal Waterway. Le pont en acier et ses approches font environ 800 mètres de long et reposent sur des piliers en béton. Le pont basculant reste ouvert en permanence jusqu'à ce qu'un train s'approche, alors l'équipe actionne un interrupteur pour l'abaisser. La connexion de la Florida East Coast rejoint 45,06 km (28 mi) de voies construites par la NASA à une jonction appelée Wilson's Corners.
La Florida East Coast construit également deux gares de triage, une de sept voies appelée aujourd'hui Jay Jay à l'échangeur de la ligne principale (appelé à l'origine Cape Canaveral Junction), et une deuxième de sept voies appelée Wilson Yard, légèrement à l'Ouest de l'emplacement géographique de Wilson's Corners. À l'Est de Wilson Yard, la ligne se divise en une branche de 14,48 km (9 mi) allant vers le Sud jusqu'au VAB de la NASA et la zone industrielle du Kennedy Space Center, et une autre branche de même longueur allant vers l'Est en direction de l'océan Atlantique pour desservir les rampes de lancement de la NASA et l'échangeur avec la voie de l'Air Force.
L'ACOE (Army Corps Of Engineers) conserve la responsabilité de la construction d'un réseau ferroviaire d'environ 45,06 km (28 mi) dans ce qui va devenir la zone restreinte d'environ 15,37 km² (3 800 acres) du KSC. Le réseau se compose de deux voies, qui se séparent juste à l'Est de Wilson's Corner. L'une des voies, appelée branche Est, s'étend vers l'Est en direction de l'océan Atlantique (Playalinda Beach), avant de tourner vers le Sud-Est pour passer devant les rampes de lancement 39A et 39B et se prolonger jusqu'à la limite entre le KSC et le CCAFS (Cape Canaveral Air Force Station). Là, elle est reliée à la piste de 35,4 km (22 mi) du Titan Launch Complex du CCAFS. La seconde voie, appelée branche Ouest, part de Wilson's Corner vers le Sud, passe devant le VAB et entre dans la zone industrielle du KSC. Comme la partie FEC de la voie ferrée, les sections situées dans la zone d'accès restreint sont constituées de rails éclissés de 45 à 50 kg (100 ou 112 lb) avec des traverses en bois et un ballast en calcaire.
Le saviez vous? L'ACOE a cependant payé pour tous les nouveaux matériaux, bien qu'il ait été découvert plus tard que les entrepreneurs avaient utilisé des matériaux de récupération.
Le 20 juin 1963, l'ACOE ouvre les soumissions pour la construction du réseau ferré du KSC. L'offre la plus basse, d'environ 2,4 millions de dollars, est soumise par A. S. Wickstrom, Inc. de Skaneateles (New York). Toutefois, le contrat est attribué à la coentreprise de B. B. McCormick et Bailes-Sey de Jacksonville (Floride), pour un montant d'environ 2,5 millions de dollars. Le contrat prévoit un délai d'achèvement de 180 jours civils (vers janvier 1964), ce qui coïncide avec la livraison prévue de grandes quantités d'acier pour le VAB. Toutefois, en raison de la grève du personnel de la FEC, le chemin de fer de la NASA au KSC n'a été achevé dans son intégralité qu'en 1965.
Au début de la construction, la NASA, ainsi que l'Air Force, prévoyaient que 300 000 wagons de matériaux seraient livrés au KSC par le chemin de fer au cours des cinq premières années, y compris la roche de rivière pour le Crawlerway. Sur la base de ce chiffre, la FEC a accepté de fournir les fonds nécessaires à la construction, à l'exploitation et à l'entretien de leur section de 12,07 km, ainsi qu'à l'exploitation et à l'entretien de la section de 45,06 km construite par la NASA/ACOE ; les fonds devaient provenir d'une "modeste redevance de commutation" pour l'expédition des wagons chargés. En 1969, le trafic réel sur le chemin de fer ne représentait qu'environ 10 % des totaux prévus, la plupart du temps le long de la branche Ouest. Au cours du programme Apollo, le chemin de fer a régulièrement transporté les cinquante-six wagons de propergols nécessaires pour alimenter chaque lanceur Saturn V et a même transporté les astronautes d'Apollo vers une zone connue sous le nom de "The Sandpile", qui a été utilisée comme terrain d'essai lunaire.
LE PONT BASCULANT DU CHEMIN DE FER
Le pont "Jay Jay", construit vers 1963, est une bascule à un seul battant qui enjambe l'Indian River sur une distance d'environ 800 m (0,5 mi). Les travées d'approche ont été conçues par Maurice H. Connell and Associates de Miami (Floride) ; la travée principale à bascule a été conçue et assemblée par la Nashville Bridge Company. L.O. Hopkins de Nashville (Tennessee), qui a également conçu les piliers et les défenses du canal. Les plans d'exécution indiquent que des remblais ont été dragués du fond de l'Indian River au Sud du pont pour créer une péninsule d'environ 457,20 m (1 500 ft) de long du côté Ouest de la rivière et une péninsule d'environ 609,60 m (2 000 ft) de long du côté Est. À l'époque du programme Apollo, les matériaux utilisés pour la construction du KSC ont été transportés via ce pont.
Style international : courant architectural né en Europe à la fin des années 1920 avec les architectes Walter Gropius, Ludwig Mies van der Rohe et Le Corbusier. Bien que le style ait été accepté dans les années 1930, sa popularité a diminué à la fin des années 1940 ; il a retrouvé sa considération de la fin des années 1960 aux années 1970.
Classe III : aux USA, les chemins de fer de classe III sont généralement des chemins de fer locaux sur courtes distances desservant un petit nombre de villes et d'industries ou transportant des voitures pour un ou plusieurs chemins de fer.
Sources : Apollo Launch Complex 39 US Army Corps of Engineers South Atlantic Division Canaveral District, Cape Canaveral Air Force station, launch complex 39 Altitude chambers, photos de la librairie du Congrés US, PDF's NASA Railroad, jjBridgeSurvey, texte en français de Paul Cultrera, tous droits réservés