LE MOBILE SERVICE STRUCTURE (La structure de service mobile)
La structure de service mobile (MSS) permet d'accéder au lanceur et à l'engin spatial lorsque le véhicule se trouve sur son socle de tir. Il s'agit d'une structure indépendante qui est déplacée sur le socle de tir peu après le déploiement du ML. Après avoir mis en position le ML sur le socle de tir, le CT récupére la MSS de son emplacement de stationnement le long de la crawlerway et l'emmène sur le socle. Le MSS reste en position autour du véhicule de lancement jusqu'à la veille du lancement prévu.
Au premier plan, la Mobile Service Structure (MSS pour tour de service mobile) sur son aire de parking.
La MSS est conçue à l'origine comme une "tour d'armement". Avant le lancement, un certain nombre de dispositifs explosifs doient être installés dans le lanceur. Il s'agit notamment des charges creuses linéaires qui sépareront les étages du véhicule en vol, ainsi que des explosifs placés le long des réservoirs de carburant et d'oxydant pour la "dispersion du carburant", qui détruira le véhicule en vol s'il dévie de sa trajectoire. Pour des raisons de sécurité, on estime que ces dispositifs doivent être installés sur l'aire de lancement plutôt que dans l'enceinte du VAB. Au fur et à mesure que la conception d'Apollo/Saturn évolue, la MSS se transforme en une structure permettant aux techniciens de travailler sur le véhicule alors qu'il se trouve sur le socle de lancement. Elle offre également au vaisseau spatial une certaine protection contre les intempéries.
Rapide chronologie
Conçue à l'origine comme une "tour d'armement" stationnaire, la structure de service mobile a subi de nombreuses modifications de conception avant d'atteindre sa forme finale.
Quand les ingénieurs de la Rust Engineering Company entreprennent sa conception en février 1963, ils sont confontrés à une tâche difficile : concenvoir une structure, tout en respectant un cahier des charges assez contraignant et surtout, ne pas excéder les possibilités de transport du crawler. Les premières réunions entre la NASA et les ingénieurs de Rust se concentrent sur les exigences relatives à l'installation des charges explosives du véhicule. Les discussions du 21 mars 1963 révèlent un problème majeur concernant l'installation des charges linéaires, charges qui séparent les étages pendant le vol et, si nécessaire, détruisent le véhicule. Leur emplacement sur le lanceur Saturn V nécessitent l'accès au zone inter-étage du S-IC, S-II et S-IVb. Comme les premiers plans de la tour avec ces caractéristiques excédent la capacité de transport du crawler, les ingénieurs de NASA acceptent de voir si les charges creuses peuvent être installées dans le VAB. La tour servirait encore à armer les diverses charges de destruction et pour installer les rétrofusées et celles pour les manœuvres de tassement. Après avoir passé en revue la question la semaine suivante, Gruene se prononça en faveur de l'utilisation du VAB ; il recommanda également une étude des risques pour confirmer la sécurité du changement proposé. Entre-temps, les ingénieurs de Rust abandonnèrent de leur conception l'installation des charges de destruction.
Les charges dues au vent constituent une deuxième préoccupation majeure pour les concepteurs de la tour. Le 28 mars les représentants de Marion Power Shovel Company, ceux du Corps of Engineers, du LOC, et de Rust Engineering Company se mettent d'accord pour concevoir la tour en fonction d'une vitesse de vent maximale de 100 kilomètres par heure. En se reposant sur ses appuis sur le pad de lancement, cependant, la tour peut supporter des vents considérablement plus forts. Les officiels de la NASA décommandent la dernière condition deux semaines plus tard : en cas d'un ouragan, la tour sera retirée de l'aire de lancement.
Rust Engineering compléte les critères de la tour d'armement mobile le 1er mai 1963 et commence le travail de conception deux jours plus tard. Lors d'une revue de conception en septembre, le Corps of Engineers demande à Rust une analyse approfondie de la masse de la tour et des facteurs de charge du vent sur le crawler. L'analyse démontre que la tour d'armement est trop lourde. Au cours des deux mois suivants, de nombreuses modifications sont apportées pour ramener la masse à la capacité du CT, mais leurs efforts ne sont guère couronnés de succès.
Le 3 décembre 1963, le docteur Debus demande au Corps of Engineers de réexaminer la tour d'armement. Dans les trois semaines qui suivent, le Corps of Engineers présente les résultats de plusieurs études. Dans la première, Strobel et Rengved, ingénieurs-conseils, conservent la configuration de base de Rust, mais réduisent la taille des plates-formes de travail et éliminent l'équipement de climatisation. En revanche, Rust recommande d'atteindre la limite de masse en éliminant l'une des cinq plates-formes de service, l'un des trois ascenseurs et l'équipement pour l'air conditionné. Bien que la proposition de Rust permet d'éliminer plus de masse que l'étude de Strobel et Rengved, elle réduit également la flexibilité opérationnelle de la tour. Le Corps of Engineers demande alors aux deux entreprises de réaliser une nouvelle étude, cette fois-ci portant sur une conception entièrement nouvelle. L'étude de Rust utilisait des plates-formes fixes, celle de Strobel et Rengved des plates-formes mobiles. Toutes deux permettent de réduire la masse totale, mais pas de réduire de manière significative les charges de vent sur le crawler.
Alors que les études sont en cours, une décision du KSC rend le travail superflu. Lors d'une réunion à Huntsville le 10 décembre, le représentant du KSC annonce une nouvelle politique pour l'installation de matériel au LC-39. Les fusées de tassement, les rétrofusées, les charges de séparation, du système d'évacuation d'Apollo et d'autres petites munitions seront installées dans le VAB. Les détonateurs seront installés sur l'aire de lancement après le retrait de la tour d'armement, par des techniciens utilisant les bras pivotants du ML pour accéder au lanceur. La tour d'armement n'étant plus nécessaire à l'installation des munitions, elle devient la structure de service mobile offrant également au vaisseau spatial une certaine protection contre les intempéries.
Ce changement facilite grandement la tâche de Rust. Malgré des retards dans la réception des données sur le vaisseau du Manned Spacecraft Center, Rust achève le travail de reconception en juillet 1964. Le 21 septembre, la joint -venture Morrison-Knudsen, Perini et Hardeman obtient un contrat de construction d'un montant de $ 11 587 000. La fabrication de l'acier commençe immédiatement et la construction proprement dite débute le 21 février 1965. En raison de ce démarrage tardif, de petits retards dans le travail et de la livraison tardive des matériaux, l'ossature de la structure de service mobile n'atteint que 13 m à la mi-1965. À partir de ce moment-là, les travaux progressent rapidement. À la fin du mois de septembre, l'érection de l'acier atteint la hauteur de 68 m. Les ouvriers terminent la structure le 19 novembre 1965, avec seulement quatre mois de retard.
Fiche d'identité
Nom : MSS ou Mobile Service Structure (structure "tour" de service mobile).
Fonction : Elle permet d'accéder au véhicule spatial Apollo, qui ne peut pas être entretenu à partir du LUT (Launch Umbilical Tower pour tour ombilicale de lancement) lorsque qu'il se trouve sur le pad de lancement.
Constructeurs : Rust Engineering Company de Birmingham pour la conception, et le cartel Morrison-Knudsen, Perini and Hardeman pour la construction.
Hauteur : 122,52 m environ (402 ft) mesuré à partir du niveau du sol.
Base : 41,14 m par 41,14 m (135 ft par 135 ft).
Structure : Acier.
Masse : 5 443,10 t (12 000 000 lb).
Pendant les périodes entre lancement, la MSS est garée sur un parking situé le long de la Crawlerway (côté canal d'acheminement), à 2,13 k m (7000 ft) de la rampe de lancement la plus proche. Comme le LUT, la MSS est transportée à la rampe de lancement par le crawler (transporteur à chenille) où elle est employée pour les opérations d'entretien. Elle est enlevé de celui ci quelques heures avant le lancement et retourné à son aire de stationnement.
LES PLATE-FORMES DE TRAVAIL
La structure contient cinq plateformes de travail. Leurs sections extérieures s'ouvrent pour accepter le véhicule et se referment autour de lui pour permettre d'accéder au lanceur et au vaisseau spatial par l'intermédiaire de ces plateformes.
Les sections mobiles des plateformes sont actionnées par des vérins hydrauliques. Les deux plateformes inférieures sont verticalement réglables pour servir différentes parties du véhicule de lancement.
Les trois plateformes supérieures sont fixes mais peuvent être démontées de la tour et être replacées individuellement pour servir différentes configurations du véhicule.
Les deux plateformes inférieures et la plateforme la plus élevée sont ouvertes et bordées par un garde corps, les deux plateformes restantes sont closes et fournissent le contrôle de l'environnement pour le vaisseau spatial.
Les accès : l'accès aux diverses parties de la structure est fourni par trois ascenseurs ainsi qu'une nacelle. Un ascenseur et la nacelle fournissent l'accès du niveau du sol aux zones de travail basses. Les deux autres ascenseurs de type combinaison passagers/fret déservent les plates-formes d'accès au véhicule à partir de sa base. Les ascenseurs possèdent un contrôle local pour les opérations avec un ou sans préposé.
Le MSS contient au niveau de sa base, les installations suivantes (bâtiments préfabriqués) :
a) 1 salle pour l'équipement mécanique.
b) 1 pièce pour les opérations de support.
c) Facilité sanitaire.
d) 1 salle pour la machinerie des ascenseurs.
e) 1 salle pour l'équipement de communications et de TV.
f) 1 salle pour l'équipement électrique.
g) 1 pièce ACE.
Les systèmes de facilité : Le MSS contient la climatisation, le système de courant électrique, les divers réseaux de transmission, le système de protection contre les incendies, le système d'air comprimé, le circuit de pressurisation à l'azote, le système de pression hydraulique, le système d'eau potable, et l'installation carburant du vaisseau spatial.
La climatisation : L'air conditionné des différentes parties du MSS est fourni par des unités individuelles. Sur la base de la plateforme, la salle des communications et la salle des opérations de support ont chacune des unités de climatisation. Les secteurs restants ont seulement des unités d'aération.
Le système de courant électrique : La puissance électrique pour le MSS est obtenue à partir de l'interconnexion d'une borne de puissance 13o8-kV située sur le parking et sur le pad de lancement . Pendant le transit (parking, rampe de lancement), la puissance nécessaire pour les ascenseurs, les pompes hydrauliques, le périmètre d'obstruction, et l'éclairage d'escalier est assurée à partir de crawler. Deux générateurs à moteur diesel, 150 kilowatts chacun, fournissent l'approvisionnement en cas de panne de courant du crawler, de l'interface de la rampe de lancement, ou celle du parking.
Les réseaux de communication
Le MSS contient les équipements de communications suivantes :
a) Système de haut parleur. Ce système fournit la communication entre la cabine du crawler, les salles de la plate-forme de base, et neuf niveaux de tour.
b) Système téléphonique. Il y a un système de téléphone régulier servant les salles de la plateforme de base et les neuf niveaux de tour.
c) La tour est connectée au système d'annonce par haut-parleur. Des haut-parleurs sont disposés dans les salles de la plateforme de base, les dix niveaux de tour, et les plateformes de travail n°1, n°2, n°3, et n°4.
d) Système de signal d'incendie. Les salles de la plateforme de base ont des capteurs de chaleur connectés au système d'alarme. Les sirènes du signal d'incendie et des déclencheurs manuels sont placés sur la plate-forme de base et aux neuf niveaux de tour.
e) Système d'intercommunication opérationnel (OIS). Des équipements OIS sont fournis sur la base de tour et à neuf niveaux de tour.
f) Système opérationnel de télévision (OI-V). Des équipements OTV sont fournis à cinq niveaux différents pour jusqu'à un total de douze appareils-photo de TV.
Galerie photos
Textes traduits de l'anglais (source : livres The Kennedy space center story, Gateway to the Moon et PDF Apollo launch complex 39)
texte de Paul Cultrera, tous droits réservés.