LE PROGRAMME GEMINI




Le programme Gemini est initialement considéré comme une simple extrapolation du programme Mercury, et donc dès le début il est nommé Mercury Mark II. Le programme initial a peu en commun avec Mercury et est même supérieur, à certains égards au programme Apollo. Cela est principalement le résultat de sa date tardive de mise en route, qui lui permet de bénéficier d'une grande partie de ce qui a été appris pendant les premières phases du projet Apollo (qui, en dépit de ses dates de lancement postèrieures, a en fait débuté avant Gemini).

Spécifications du vaisseau Gemini :

Constructeur : McDonnell Aircraft Corporation.
Premier vol : 8 avril 1964 ; premier vol habité le 23 mars 1965 (Gemini 3).
Dernier vol : 11 novembre 1966 (Gemini 12).
Nombre de vols : total 13 dont 10 habité.
Utilisations pricipales : vols habités en orbite terrestre, rendez vous, amarrage, changements d'orbite, tests EVA.
Coût à l'unité : 13 millions de dollars.
Equipage : 2.
Longueur hors tout : 5,7 m.
Diamètre maximum : 3,05 m.
Volume habitable : 2,55 m3.
Masse au lancement : 3,851 kg.
Masse du carburant : 455 kg au total.
Impulsion totale du RCS : 1,168 kNs.
Poussée du moteur principal : 710 N.
Carburant du moteur principal : NTO/MMH.
Delta V total du vaisseau : 323 m/s.
Energie : piles à combustible/batteries ; 155.0 kW total.

(Les masses citées ne sont pas typiques pour chaque mission, mais une estimation moyenne)


LA CABINE (module de rentrée atmosphérique)

La cabine, de forme semblable à un cône tronqué, est accouplée à la section RCS (à l'avant) et à l'adaptateur arrière. La cabine possède une enceinte pressurisée interne, de forme telle qu'elle puisse procurer une stabilité adéquate à l'équipage gràce à son comportement de flottaison.
La forme de l'enceinte pressurisée permet également de l'espace entre elle et la coquille conique externe pour l'installation d'équipement.
La structure de base de la cabine consiste en un châssis en titane soudé par fusion sur lequel est assemblé, également par soudure, des panneaux latéraux, les petites et grandes cloisons pressurisées ainsi que les encadrements des trappes d'accés. Les panneaux latéraux, les petites et grandes cloisons pressurisées sont une construction à double peau et renforcée par des raidisseurs soudés par point. Deux trappes d'accés articulées montées sur le rebord des encadrements permettent aux pilotes de rentrer et de sortir. Pour une protection thermique, la surface extérieure conique est recouverte avec des bardeaux en alliage René 41 et un bouclier thermique ablatif est attaché à l'autre extrémité de la section de cabine.
Une boucle de levage à ressort, située près du bouclier thermique entre les écoutilles, est érigée après l'amerrissage pour faciliter l'engagement d'un crochet de levage pour la récupération du vaisseau spatial.


Effectif (équipage) : 2.
Longueur : 3,4 m.
Diamètre maximum : 2,3 m.
Volume habitable : 2,55 m3.
Masse totale : 1982 kg.
(structure, 638 kg ; bouclier thermique, 144 kg ; RCS, 133 kg ; équipement de récupération, 98 kg ; équipement de navigation, 63 kg ; équipement de télémétrie, 51 kg ; équipement électrique, 126 kg ; système de communications, 26 kg ; sièges de l'équipage & provisions, 426 kg ; masse de l'équipage, 144 kg ; imprévu divers, 100 kg ; carburant, 33 kg).

RCS :
Propulseurs : sets en double de 8 x 111 N par propulseur.
Carburant : NTO/MMH.
Impulsion spécifique : 283 s.
Impulsion totale : 90 kNs.
L/D hypersonique : 0,16.
Energie : batteries ; 4,0 kW, 180,0 Ah.
Environnement : oxygène pur à 340 mbar.
Système d'atterrissage : semblable à celui de Mercury, à l'exception du sac d'atterrissage. Parachute principal en dôme : 25,6 m de diamètre.

Le saviez vous?? Le mode original d'atterrissage devait faire intervenir le déploiement d'une aile gonflée Rogallo avec un atterrissage piloté sur des patins à Edwards Dry Lake. L'aile ne pouvant pas être réalisée pour un déploiement de façon fiable avant que les vols n'aient commencé, la solution fut que la capsule effectua un "amerrissage classique" au bout d'un parachute.


LES BAIES À ÉQUIPEMENTS

Les baies d'équipement sont situées à l'extérieur de l'enceinte pressurisée de la cabine. Deux baies sont situées à l'extérieur des panneaux latéraux et une baie sous le plancher de la cabine. Les baies sont équipées de racks pour le montage de l'équipement.
C'est dans la baie d'équipement du côté droit que se trouve une large partie des composants du système de communication ainsi que la balise de récupération, qui est montée à l'arrière. Deux panneaux permettent l'accès aux composants installés dans les baies d'équipement latérales de la cabine. Les cases du train d'atterrissage principal qui se situent sous les baies d'équipement droite et gauche sont chacune fermées par une trappe. Les trains d'atterrissage ne sont pas installés mais les fixations sont prévues le cas échéant.
Au dessous de la cabine, entre les trappes du train d'atterrissage, il existe deux portes supplémentaires. La porte avant permet d'accéder au compartiment inférieur du matériel et la porte arrière donne accès au compartiment Environmental Control System qui fait partie de la cellule pressurisée.



UN TOUT NOUVEL APPAREILLAGE À BORD : L'ORDINATEUR


L'ordinateur de bord de Gemini, une avancée singulière par rapport à Mercury (photo NASM)

L'ordinateur du vaisseau spatial Gemini est, comme son nom l'indique, l'ordinateur de bord du vaisseau spatial Gemini. Il semble avoir été désigné sous les noms divers tel que : "ordinateur du vaisseau spatial", "ordinateur numérique" ou encore "ordinateur de bord" (On-Board Computer ou OBC). C'est l'équivalent pour Gemini de l'AGC d'Apollo, bien qu'avec des capacités et des fonctionnalités plus limitées. L'OBC est essentiellement utilisé dans les phases post-lancement de la mission (phase d'orbite, phase rétrograde, phase de rentrée), car le lanceur Titan II qui transporte le vaisseau spatial en orbite est guidé par son propre ordinateur de guidage ACS-15 (séparé), mais il est également possible de basculer vers l'ordinateur de Gemini pour un guidage de secours si le besoin s'en fait sentir. Il est également intéressant de noter que l'OBC peut être utilisé pour le contrôle automatique de l'attitude du vaisseau spatial, mais pas pour le contrôle automatique de la vitesse ; il effectue plutôt les calculs nécessaires pour les manœuvres telles que l'insertion orbitale ou la rentrée, et les pilotes effectuent ensuite les tâches manuelles consistant à ajuster la vitesse du vaisseau spatial de manière appropriée.

L'OBC est conçu et fabriqué par la division Federal Systems d'IBM, à Owego, dans l'état de New York, tout comme l'ordinateur numérique du véhicule de lancement (LVDC) d'Apollo. L'OBC et le LVDC sont extraordinairement similaires au niveau de l'unité centrale.

Il mesure 48 cm (18,9 in) de haut par 36,83 cm (14,5 in) de large par 32,38 cm (12,75 in) de profondeur, et pèse 26,75 kg (58,98 lb). L'appareil est constitué de composants discrets, et non de circuits intégrés. Cependant, les modules de circuits qui contiennent les composants sont en quelque sorte interchangeables. Ils sont branchés sur l'une des cinq cartes d'interconnexion et il faut 510 de ces modules pour construire la section logique seule. L'ordinateur n'a pas de circuits redondants, ce qui signifie que les défaillances de l'ordinateur annulent toute activité devant être contrôlée par lui. Par exemple, une défaillance de l'interrupteur d'alimentation aux trois quarts de la mission Gemini IV a entraîné l'annulation de la rentrée atmosphérique contrôlée par l'ordinateur. Il est possible de piloter l'ordinateur Gemini sans sauvegarde, car ce que l'ordinateur fait par erreur peut être soit abandonné (comme le rendez-vous), soit géré, bien que de manière plus rudimentaire, par d'autres moyens (comme la rentrée dans l'atmosphère en utilisant les procédures de Mercury).



Entrées et sorties

L'OCB est interfacé avec une pléthore d'autres systèmes, tel que la plate-forme inertielle (IMU), l'électronique de celle-ci, l'alimentation du système de guidage inertiel (IGS pour Inertial Guidance System), l'unité d'alimentation auxiliaire (ACPU pour Auxiliary Computer Power Uni ), l'unité d'insertion manuelle des données (MDIU), le système de référence temporelle (TRS pour Time Reference System), le système de commande numérique (DCS), l'affichage d'attitude, l'électronique de contrôle d'attitude et de manœuvre (ACME pour Attitude Control and Maneuver Electronics), le pilote automatique du lanceur Titan, le tableau de commande et d'affichage des pilotes (PCDP pour Pilots' Control and Display Panel), indicateur de vitesse incrémentielle (IVI pour Incremental Velocity Indicator), le système d'instrumentation (IS pour Instrumentation System) et l'équipement aérospatial au sol (AGE).

L'IMU est la plate-forme stable habituelle à cardan avec des accéléromètres et des résolveurs angulaires comme dans Apollo, à l'exception d'une différence essentielle : l'IMU de Gemini possède quatre cardans au lieu des trois cardans d'Apollo. Cela signifie qu'elle n'est pas sujette au phénomène de "verrouillage de cardan" et que le logiciel utilisé pour ajuster l'alignement du vaisseau spatial peut être plus simple qu'avec trois cardans. La valeur du quatrième cardan peut être appréciée en considérant des incidents tels que l'accident de Gemini VIII, au cours duquel un roulis incontrôlé s'est produit. Si l'IMU n'avait eu que trois cardans, le blocage du cardan se serait produit lorsque l'angle de roulis aurait été trop important.



L'ordinateur de bord fournit les moyens de calcul, en utilisant des données provenant d'autres systèmes ainsi qu'un programme stocké, et de stockage des paramètres nécessaires au guidage et au contrôle. Les calculs sont utilisés pour l'insertion, la correction d'orbite et le guidage de rentrée. L'ordinateur lui-même ne contient pas de commandes ni d'indicateurs, à l'exception de l'indicateur de temps écoulé. Cependant, il peut être contrôlé au moyen de quatre interrupteurs. Sur le côté gauche de la console du pédestal, on trouve : un interrupteur ON-OFF à deux positions, un sélecteur de mode à sept positions déterminant le type de calculs à effectuer. Un interrupteur START COMP à bouton-poussoir permettant à l'astronaute de lancer certains calculs à sa convenance. Le voyant COMP lui, indiquant le début et la fin d'un calcul. Un interrupteur RESET à bouton-poussoir permettant de réinitialiser l'ordinateur en cas de dysfonctionnement temporaire. Finalement, le voyant MALF indiquant l'état de fonctionnement de l'ordinateur.
Le dispositif périphérique le plus visible de l'OBC est une unité d'insertion manuelle des données (Manual Data Insertion Unit ou MDIU), l'équivalent Gemini du DSKY d'Apollo, qui permet au pilote de communiquer directement avec l'ordinateur. Il comprend le clavier d'affichage modulaire (Modular Display Keyboard ou MDK) et le lecteur d'affichage modulaire (Modular Display Readout ou MDR). Ceux-ci se trouvent du côté du pilote (par opposition au pilote commandant) du panneau de commande, en bas à droite. Des paramètres spécifiques peuvent être insérés, lus ou effacés de la mémoire de l'ordinateur. Un indicateur incrémental de vitesse (Incremental Velocity Indicator ou IVI) affiche les changements de vitesse. Les changements peuvent être mesurés ou calculés, selon le mode de l'ordinateur.



L'alimentation électrique

L'alimentation en courant alternatif et en courant continu de l'OBC est assurée par l'alimentation de l'IGS, lui-même alimenté par le bus principal +28 VCC du vaisseau spatial ou (en cas de très brèves coupures de l'alimentation principale) par l'unité d'alimentation auxiliaire de l'ordinateur (ACPU). Le courant continu régulé fourni à l'ordinateur est tamponnée dans le bloc d'alimentation du système de guidage inertiel de manière à éliminer toute perte de régulation due aux transitoires qui se produisent dans la source d'alimentation principale de l'engin spatial. L'OBC nécessite différentes tensions (+27,2 VCC, +9,3 Vcc -27,2 VCC, +20 VCC, +28 VCC, et 26 CA, toutefois la documentation existante n'est pas cohérente sur les tensions exactes utilisées), et alimente lui-même le MDIU (+25 VCC, -25 VCC +8 VCC) et ces trois dernières tensions sont celles qui sont réellement utilisées en interne par l'OBC lui-même.


Ses capacités informatiques

Mémoire principale

La mémoire de l'OBC est une matrice de ferrite à accès aléatoire, à courant coïncident et à lecture non destructive (RAM). L'élément de base de la mémoire est un noyau de ferrite à deux trous.

L'élément de mémoire est un dispositif de lecture non destructive (NDRO ou Non-Destructive ReadOut), le Transfluxor, inventé pour être utilisé dans le futur Observatoire astronomique en orbite (OAO pour Orbiting Astronomical Observatory). La conception est basée sur le principe de la lecture à ouvertures multiples (MARS pour Multi-Aperture Readout Sensing). Le principe du dispositif MARS utilise un noyau à deux trous (par opposition au "donut" à un trou alors couramment utilisé dans les conceptions de mémoire). Le nouveau principe est basé sur la détection de l'état logique d'un noyau au niveau de l'un des trous, et la restauration de l'état en pulsant électriquement le second trou (NDA : c'est ma compréhension limitée), réalisant ainsi l'équivalent d'une lecture non destructive : une exigence critique pour les applications spatiales.

Le Transfluxor a donc des caractéristiques NDRO, mais une certaine dégradation de l'information se produit et l'information est détruite par des cycles de lecture répétés. Ce phénomène est généralement compensé par l'application, après chaque opération de lecture, d'une impulsion de "renforcement" à tous les noyaux, sans tenir compte de l'adresse qui a été lue. Il est modifiable électriquement, bien que l'opération d'écriture soit généralement plus longue et nécessite plus d'énergie que l'opération d'écriture pour un noyau DRO. Néanmoins, ils peuvent être utilisés dans des applications où les informations sont lues beaucoup plus souvent qu'elles ne sont écrites, comme le stockage de programmes avec seulement un besoin occasionnel de modifier le programme en temps réel. L'application principale de cet élément, cependant, est la mise en œuvre de mémoires en lecture seule. Leur temps de lecture (1 µsec ou moins) est généralement égal à 1/10 du temps d'écriture. Ce temps de lecture se compare favorablement au temps d'accès des noyaux DRO utilisés dans les mémoires spatiales.


La propriété de lecture non destructive permet de lire ou d'écrire en série ou en série-parallèle, ce qui permet d'utiliser une unité arithmétique série sans registre tampon séparé. La matrice de mémoire peut stocker 4096 mots, soit 159 744 bits. Tous les mots mémoire de 39 bits sont divisés en trois syllabes (syllabe 0, syllabe 1 et syllabe 2) de 13 bits chacune. Les mots de données (25 bits et un signe) sont normalement stockés dans les deux premières syllabes, et les mots d'instructions (13 bits) sont mélangés dans les trois syllabes. Une fois le vaisseau spatial retiré du hangar, il n'est plus possible de modifier la troisième syllabe d'un quelconque mot mémoire. Une modification limitée des données stockées dans les syllabes 0 et 1 peut être effectuée sur le site de lancement par l'intermédiaire de l'unité d'insertion manuelle des données (Manual Data Insertion Unit ou MDIU) ou du système de commande numérique (DCS pour Digital Command System).
La mémoire est une matrice de 64 x 64 x 39 bits d'éléments de lecture non destructifs. Physiquement, Elle se compose d'une pile de 39 plans empilés dans la dimension Z (hauteur, voir schéma), chaque plan étant constitué d'un réseau de 64 x 64 noyaux.
La mémoire est logiquement subdivisée en parties plus petites afin d'accroître l'efficacité du stockage des programmes. La dimension Z est divisée en trois syllabes (SYL 0 à SYL 2), chaque syllabe étant composée de 13 bits. Le plan X-Y est divisé en 16 secteurs de 256 mots chacun (SEC 00 à SEC 07, et SEC l0 à SEC 17), le secteur 17 étant défini comme le secteur résiduel. Un mot mémoire est défini comme les 39 bits le long de la dimension Z et est situé à l'une des 4096 positions possibles de la grille X-Y. Un mot d'instruction ou une commande nécessite 13 bits et est codé dans la syllabe 0, l ou 2 d'un mot mémoire. Un mot de données nécessite 26 bits et est toujours codé dans les syllabes 0 et I d'un mot mémoire. Les informations stockées dans la syllabe 2 peuvent être lues sous la forme d'un mot de données court en utilisant un mode d'opération spécial principalement utilisé pour vérifier le contenu de la mémoire. À tout moment, seuls deux secteurs sont réellement accessibles, le secteur courant (sélectionnable sous le contrôle du programme) et le secteur "résiduel" (secteur 17 octal).



Mémoire auxiliaire

L'OBC est le premier ordinateur aéroporté ou spatial à utiliser une mémoire auxiliaire. À un moment donné de l'évolution du programme opérationnel, l'augmentation des fonctionnalités a entraîné un dépassement de la taille du programme opérationnel par rapport à la quantité totale de mémoire fournie par le réseau de ferrites. Pour les missions Gemini VIII à XII, l'approche adoptée a consisté à modulariser le logiciel de manière à pouvoir le recharger dans l'OBC au cours de la mission avec un logiciel spécialisé pour la phase en cours de la mission. Ainsi, même si nous parlons (par exemple) du "logiciel pour Gemini X", le logiciel pour Gemini X est en réalité constitué de plusieurs programmes différents qui sont chargés uniquement pendant les phases de la mission au cours desquelles ils sont utilisés. Les programmes sont stockés dans la mémoire auxiliaire sur bande (Auxiliary Tape Memory Unit ou ATMU), puis transférés dans l'OBC. Ce concept, assez courant dans l'utilisation des ordinateurs terrestres, est une première pour l'informatique aérospatiale. Normalement, ces données sont fournies par l'équipement aérospatial au sol (AGE) et enregistrées (écrites) sur la bande avant le lancement. Il est également possible d'écrire des données sur la bande à l'aide du MDIU et de l'ordinateur de bord.

L'ATMU est un système d'enregistrement à bande magnétique autonome. En interne, il contient un transporteur de bande, un moteur d'entraînement et l'électronique nécessaire aux fonctions de lecture, d'écriture et de vérification. Il est utilisé dans les vaisseaux spatiaux VIII à XII pour fournir un stockage de programme supplémentaire pour l'ordinateur numérique. Elle a une capacité totale de stockage de plus de 85 000 mots de 13 bits, soit environ sept fois celle de la mémoire centrale de l'ordinateur. L'ATMU est monté sur une plaque froide dans la section adaptateur du vaisseau spatial.
D'après les spécifications de l'ATM figurant dans le manuel de familiarisation, nous pouvons calculer le temps que doit prendre le chargement d'un programme de l'ATMU dans l'OBC. Avec une longueur totale de bande de (525 ft) et une vitesse de lecture/écriture de (1,5 in/s), la totalité de la bande peut être lue ou écrite en 525×12/1,5 = 4200 s = 70 min (si un rembobinage de la bande est nécessaire, l'opération complète nécessite également un rembobinage à une vitesse de x8, ce qui ajoute un maximum de 8,75 min supplémentaires à l'opération totale). Comme la bande a une capacité de x7 par rapport à la capacité de la mémoire centrale de l'OBC, toute charge individuelle, sans tenir compte de l'enroulement ou du rembobinage de la bande, serait alors d'environ 70/7 = 10 min. Étant donné que toute la mémoire ne peutt pas être écrasée et que la syllabe 2 des mots de mémoire de 39 bits ne peut de toute façon pas être modifiée en vol, les chargements réels prennent moins de temps et sont estimés à environ 7 min.

Le chargement du logiciel de l'ATMU dans l'OBC est en fait une opération logicielle plutôt qu'une opération purement matérielle, ce qui implique qu'une partie du logiciel : à savoir le logiciel qui effectue le chargement du logiciel reste toujours dans l'OBC sans être écrasé. Cette partie invariante du logiciel est appelée "module I". Il y avait six modules en tout. Il existe deux méthodes pour charger la mémoire de l'ordinateur à partir de l'ATMU. La première est le mode automatique et est considérée comme la principale. La seconde est le mode manuel et constitue une méthode de chargement de la mémoire de l'ordinateur. La différence fondamentale entre les deux est que le mode automatique nécessite moins d'opérations manuelles.



Le saviez vous ?? Gemini VIII a été la première mission à avoir l'ATMU à bord. Peu après un rendez-vous réussi avec une Agena, le vaisseau spatial combiné a commencé à partir en vrille. Le centre de contrôle de la mission a décidé de désengager l'Agena et de faire redescendre Gemini, car de grandes quantités de carburant pour les propulseurs de contrôle d'attitude avaient été gaspillées en essayant de reprendre le contrôle de l'engin spatial. Ainsi, la première tentative de chargement d'un programme à partir de l'ATMU a été effectuée alors que le vaisseau spatial était en rotation. Bien que les paramètres de conception de la mémoire auxiliaire sur bande aient spécifié de faibles niveaux de vibration, le programme de rentrée a été chargé avec succès et utilisé lors de la descente suivante.

IBM a obtenu ce type de fiabilité au-delà des spécifications initiales grâce à un programme d'essais exhaustif. Par exemple, la mémoire auxiliaire ayant échoué aux tests de vibration de préqualification, IBM a ajouté un volant d'inertie en laiton et des masses sur les bobines de bande afin d'accroître la stabilisation, ce qui a permis de charger le programme avec succès dans des conditions défavorables. Il y a également eu des problèmes de court-circuit des transistors dus à des particules trop petites pour être vues aux rayons X, mais qui se détachaient lors de l'accélération. L'amélioration de la propreté lors de la fabrication a été une solution à ce problème.


Les programmes informatiques, contenus dans la mémoire, comprennent un programme d'exécution, des programmes opérationnels et des sous-programmes de calcul standard. Le programme d'exécution effectue des contrôles de diagnostic, détermine le temps écoulé, sélectionne le programme opérationnel souhaité et exécute tous les sous-programmes d'entrée/sortie de données.

L'ordinateur comporte deux éléments arithmétiques : un élément d'addition-soustraction (accumulateur) et un élément de multiplication-division. Chaque élément fonctionne indépendamment de l'autre, mais tous deux sont gérés par les mêmes circuits de contrôle du programme. L'OBC peut effectuer 7000 opérations par seconde. Son cycle d'instruction est de 140 µs (microseconde). Une multiplication nécessite 3 cycles (420 µs), une division : 6 cycles (840 µs). Toutes les autres instructions nécessitent 1 cycle chacune. D'autres instructions peuvent être programmées en même temps que la multiplication et la division. Le taux de bits arithmétiques est de 500 kilocycles, et le taux de cycles de mémoire moitié moins. L'ordinateur fonctionne en série, transmettant les bits un par un, ce qui explique les vitesses de traitement relativement lentes, inférieures à celles de certains ordinateurs à tube à vide tels que le Whirlwind. L’unité arithmétique est par ailleurs limitée à des calculs à virgule fixe, un choix qui réduit la précision des calculs mais permet également de simplifier la conception, et donc le volume, la masse et la consommation d’énergie du calculateur.



Le Manual Data Insertion Unit

L'unité d'insertion manuelle des données ou MDIU se compose physiquement du clavier d'affichage modulaire (MDK) et du lecteur d'affichage modulaire (MDR). Le MDIU permet au pilote d'insérer des données dans la mémoire de l'ordinateur et d'en lire. le MDK et le MDR sont des appareillages électromécanqiues.

Insertion des données : Avant que les données ne soient insérées dans l'ordinateur, toutes les données existantes sont effacées du MDIU en appuyant sur le bouton-poussoir CLEAR du MDR. Ensuite, les boutons-poussoirs d'insertion de données du MDK sont utilisés pour configurer un numéro décimal à 7 chiffres. Les deux premiers chiffres à partir de la gauche spécifient l'adresse de la mémoire de l'ordinateur dans laquelle les données doivent être stockées, et les cinq derniers chiffres spécifient les données elles-mêmes. Au fur et à mesure que les données sont établies, elles sont automatiquement fournies à l'accumulateur de l'ordinateur. Une vérification chiffre par chiffre de l'adresse et des données est effectuée au moyen des dispositifs d'affichage ADDRESS et MESSAGE du MDR. Après vérification, on appuie sur le bouton-poussoir ENTER du MDR pour enregistrer les données dans l'emplacement de mémoire sélectionné.
Le MDK mesure 8,58 cm (3,38 in) de large et 14 cm (5,51 in) de profondeur. Il pèse 0,616 kg (1,36 lb).

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Lecture des données : Avant que les données ne soient lues à partir de l'ordinateur, toutes les données existantes sont effacées du MDIU en appuyant sur le bouton-poussoir CLEAR. Ensuite, les boutons-poussoirs d'insertion de données sont utilisés pour configurer un nombre décimal à deux chiffres. Les deux chiffres spécifient l'adresse de l'emplacement de la mémoire de l'ordinateur à partir duquel les données doivent être lues. Une vérification chiffre par chiffre de l'adresse est effectuée au moyen des dispositifs d'affichage de l'ADRESSE. Après vérification, le bouton READ OUT du MDR est actionné et les données sont lues à partir de l'emplacement de mémoire sélectionné et affichées par les dispositifs d'affichage MESSAGE.
Le MDR mesure 8,28 cm (3,26 in) de haut, 12,72 cm (5,01 in) de large et 16,28 cm (6,41 in) de profondeur. Il pèse 1,42 kg (3,15 lb).

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Les commandes et les indicateurs situés sur le MDK et le MDR sont illustrés ci-dessous. La légende qui l'accompagne identifie les commandes et les indicateurs et décrit leur fonction.

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René 41 : c'est un superalliage à base de nickel, forgé à haute température, d'une robustesse exceptionnelle. Il est utilisé dans des réacteurs et des composants de missiles, ainsi que d'autres applications nécessitant une haute résistance à des températures extrêmes.
Sa composition est la suivante : Chrome 17,5/20%, cobalt 10/12%, molybdène 9/10,5%, titane 3/3,3%, aluminium 1,4/1,8% le reste étant du nickel.


Syllabe : en informatique, une syllabe (SYL) est le nom d'une unité de stockage d'informations dépendant de la plate-forme. En fonction du matériel cible, différentes largeurs de bits (et parfois des regroupements internes) lui sont associées.



Sources : PDF : Gemini Spacecraft No_ 1 Manual, Gemini Manual Vol1, Gemini Manual Vol1 Sec 2, Gemini Manual Vol 2, Gemini Manual Vol 2 Sec 2 ; PDF State-of-the-Art of Aerospace Digital Computers, 1962-1967 June 22 1967 ; The Development of a Multiaperture Reluctance Switch by A. W. Vinal IBM Corporation Space Guidance Center Owego, New York. Development of On-board Space Computer Systems A. E. Cooper and W. T. Chow. Livre : Life in Space. Texte de Paul Cultrera, tous droits réservés.