LA FLOTTE DE RÉCUPERATION



L'objectif de la flotte de récupération est, comme son nom l'indique, de localiser, sécuriser et de récupérer le module de commande ainsi que son équipage, immédiatement après l'amerrissage. Les navires de l'US Navy, utilisés par la NASA en collaboration avec le DDMS (DOD Manned Space Flight Support Office, une branche du département de la défense) assurent cette mission.
Un bâtiment principal, généralement un porte-avions (l'USS Hornet [CVS-12] pour les missions Apollo XI et XII ou l'USS Ticondegora pour Apollo XVII) ou, le cas échéant, un navire d'assaut amphibie (l'USS Iwo Jima [LPH-2] pour Apollo XIII, l'USS New Orleans [LPh-11] ou encore l'USS Okinawa [LPH-3] pour Apollo XV), ainsi qu'une flottille d'accompagnement sont mobilisés pour cette opération.



USS Hornet CVS-12

USS Iwo Jima LPH-2

Deux task force de récupération sont mises en place : l'une pour l'océan Pacifique et l'autre pour l'océan Atlantique. Voici, ci-dessous, l'exemple des deux flottes mobilisées pour la récupération du module de commande Columbia lors du vol Apollo XI.


Flotte de l'atlantique CTF-140


Le destroyer USS New (DD-818)

Le démineur USS Ozark (MCS-2)

Le remorqueur océanique USS Salinan (ATF-161)

Flotte du Pacifique CTF-130


Navire relais des communications l'USS Arlington (AGMR-2)

Le porte avion USS Hornet (CVS- 12)

Le pétrolier USS Hassayampa (AO-145)

Le destroyer USS Goldsborough (DDG-20)


Le navire principal est occupé par le Team Leader de la NASA (responsable des opérations de récupération), une équipe de nageurs de combat chargée de sécuriser le module de commande avec une ceinture de flottaison et d'extraire l'équipage. Ce bâtiment abrite également les équipements nécessaires à l'isolation biologique des équipages Apollo.


Task Force : Une task force (force opérationnelle) est une organisation temporaire créée pour accomplir une tâche ou une mission spécifique. Ce concept permet de former une unité opérationnelle temporaire en empruntant des navires de différentes divisions, sans nécessiter une réorganisation formelle des flottes, et de la dissoudre une fois la mission accomplie (dans ce cas, la récupération du module de commande Apollo).


LES HÉLICOPTÈRES DE RÉCUPÉRATION


Ce rôle de récupération revient aux hélicoptères Sikorsky SH-3 Sea King (appareil de lutte anti-sous-marine). En 1957, Sikorsky obtient un contrat pour développer un hélicoptère amphibie tous temps. Le nouvel appareil combine les rôles de chasseur et de tueur de sous marins. Le prototype (S-61) vole le 11 mars 1959. Il devient opérationnel avec la marine des États-Unis en juin 1961 sous la désignation HSS-2. Avec l'introduction du système de désignation unifié des avions en 1962, l'appareil est renommé SH-3A. Six d'entre eux sont adaptés aux opérations de récupération et sont équipés d'un système de la NASA, dénommé SARAH.


Sikorsky SH-3 Sea King

Récupération de "Charlie Brown", vol Apollo X

Récupération du CM du vol Apollo XVI

Récupération du CM America, vol Apollo XVII


SARAH (Search and Rescue and Homing)

Cet équipement comprend un récepteur et deux d'antennes directionnelles de type Yagi. Il est conçu pour être compatible avec les balises de récupération et de survie du module de commande (CM), qui émettent sur une fréquence de 243,0 MHz.
Le récepteur est monté dans un "shock rack" (caisson) à l'emplacement réservé à l'opérateur sonar, tandis que les deux antennes sont installées sur les poutres de chaque côté de l'hélicoptère (voir photo ci dessus "Récupération du CM du vol Apollo XVI).
Le MSC (Manned Spacecraft Center) fournit également des connexion et des fenêtres spéciales (si nécessaire) permettant le passage du câble par le fuselage de l'hélicoptère. L'installation complète du système nécessite entre 3 et 5 heures-homme par hélicoptère.
Le récepteur SARAH est utilisé pour localiser et s'orienter sur les balises VHF de récupération et/ou de survie du CM. Il offre une représentation visuelle de l'intensité relative des signaux reçus par les deux antennes. Cela est réalisé en échantillonnant alternativement le signal reçu à chaque antenne et en affichant les amplitudes du signal sur son tube cathodique.


CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DE L'APPAREIL

Équipage : 4 (2 pilotes, 2 opérateurs du système de guerre anti sous-marine).
Capacité : 3 passagers.
Longueur : 16,7 m (54 pa 9 inches).
Diamètre du rotor : 19 m (62 feet).
Hauteur : 5,13 m (16 ft 10 in).

Masse à vide : 5 382 kg (11 865 lb).
Masse à pleine charge : 8 449 kg (18 626 lb).
Masse maximum au décollage : 10 000 kg (22 050 lb).
Moteur : 2 Turbomoteurs General Electric T58-GE-10 de 1400ch chacun.
Diamètre rotor principal : 18,90 m (62 ft).

Performance :
Vitesse maximum : 267 km/h (166 mph).
Distance franchissable : 1000 km (621 mi).
Plafond praticable : 4 481 m (14,700 ft).
Vitesse ascensionnelle : 400-670 m/min (1310-2220 ft/min).

Le marquage des différents hélicoptères de récupération (par David Weeks)


Apollo VII

Apollo VIII

Apollo IX

Apollo X

Apollo XI

Apollo XII

Apollo XIII

Apollo XIV

Apollo XV

Apollo XVI

Apollo XVII

Amphibie : La coque du SH-3 ne permet pas à l'appareil de se poser sur l'eau en toute quiétude, mais garantit que l'hélicoptère ne coulera pas pendant une quinzaine de minutes, ce qui lui permet de faire des amerrissages forcés en cas d'urgence.



Sources : Livre en anglais "Splashdown NASA and the Navy". Texte de Paul Cultrera, tous droits réservés.