LES UTILITAIRES


Voici une liste exhaustive des utilitaires se trouvant à bord du module de commande :

- Un kit médical.
- Une trousse à outils.
- Un set de réparation des combinaisons pressurisées.
- 3 masques à oxygène fabriqués par Sierra Engineering Co. sont stockés avec leurs tuyaux d'alimentation dans un sac en tissu bêta se situant sous la trappe (unified hatch). Les masques sont une mesure de sécurité en cas de fumée ou de gaz toxiques remplissant le module de commande et sont portés pendant que les astronautes revêtent leurs combinaisons pressurisées.



Extrait d'une vidéo Youtube de l'Apollo Flight Journal

- Des containers et sacs de rangements.
- Différentes sangles de maintien (ex : stockage de câble).

- Une pompe à eau de mer :
Elle est utilisée pour pomper l'eau de mer dans le module de commande pour la dessaler et ainsi la boire, dans l'éventualité que le système d'eau potable soit inopérant après l'amerrissage, et que la réserve d'eau (potable) de survie ai été épuisée.


- Un extincteur (situé sur la cloison arrière face à la baie d'équipements gauche). Il génére un agent de phase mixte propulsé par du Fréon et de l'azote qui peut être moussé dans les armoires à équipement du CM dans le cas peu probable d'un incendie à bord. Contrairement à de nombreux autres matériaux d'extinction, cette mousse produite est non conductrice et peut être utilisée sur des feux électriques.
- Différents clips à documents.
- Différentes prises, sangles et main courante (pour que l'astronaute se maintienne dans une position voulue).


Kit médical

Trousse de réparations



La trousse médicale (medical kit)

Le CM Apollo transporte une petite trousse médicale dans sa baie d'équipement inférieure. Prévue pour les situations d'urgence les plus susceptibles de se produire pendant le vol, elle contient des médicaments oraux et des pilules (contre la douleur, le mal des transports et la diarrhée; ainsi que des stimulants, des antibiotiques, des décongestionnants et de l'aspirine), des médicaments injectables (contre la douleur et le mal des transports), des bandages, des agents topiques (crème de premiers soins, crème solaire, pommade antibiotique) et du collyre. Il n'y a pas eu de trousse médicale "standard" tout au long du programme : bien que le contenu de base soit resté largement le même d'une mission à l'autre, l'adéquation de la trousse a été revue après chaque mission et des modifications appropriées ont été apportées pour le vol suivant. Un barbiturique à courte durée d'action, le sécobarbital (commercialisé sous le nom de Seconal jusqu'en 2001), a été ajouté après que l'équipage d'Apollo 7 eut signalé des difficultés de sommeil. Les arythmies cardiaques observées lors de la mission Apollo 15 ont conduit à l'ajout de Pronestyl, de Lidocaïne, d'atropine et de Demerol lors des missions suivantes.
Le contenu des trousses médicales est également mis à jour à mesure que des médicaments plus efficaces sont identifiés. Par exemple, la combinaison scopolamine / Dexédrine est substituée après Apollo 11 par la Marezine précédemment stockée après que des tests au sol aient indiqué qu'elle était plus efficace pour le traitement du mal des transports. Tous les membres d'équipage ont été testés à la fois pour la sensibilité et la réponse à chacun des médicaments contenus dans la trousse médicale. Le Tylenol et le Benadryl sont ajoutés pour la mission Apollo 8 en raison de la sensibilité à l'aspirine de l'un des membres d'équipage.

La trousse médicale d'Apollo a évoluée à partir de celle transportée lors des missions Gemini. L'un des objectifs du programme Gemini était d'effectuer des vols de longue durée pour vérifier que les humains pouvaient vivre dans l'espace pendant la durée prévue d'un vol lunaire. La durée de Gemini 7, par exemple, était de 14 jours, ce qui rendait la trousse médicale indispensable. Celle de Gemini 7 contenait des comprimés et des injecteurs contre le mal des transports, des stimulants, de l'aspirine, des analgésiques et des injecteurs contre la douleur, des décongestionnants, des comprimés anti-diarrhée, des comprimés d'antibiotiques et des collyres.

La philosophie de la NASA concernant l'utilisation de médicaments a également évolué. Sa politique initiale interdisait l'utilisation de médicaments sauf en cas d'urgence médicale (la documentation d'époque indiquait qu '«un homme normal est préféré» et que «les médicaments ne sont utilisés que si nécessaire»). Au fur et à mesure de l'expérience acquise, cette politique a été assouplie et certains médicaments ont été prescrits lors des missions Apollo lorsque cela s'avérait nécessaire. Par exemple, des somnifères sont prescrits lorsqu'il est impossible de se reposer convenablement, en particulier lorsqu'il était important de bien dormir avant les phases critiques de la mission.

La capacité des membres d'équipage à travailler efficacement pendant les périodes de 1, 2, 3 et 4 heures suivant l'ingestion du somnifère Seconal a toutefois suscité une inquiétude particulière. Les membres d'équipage ont été soumis à des tests de performance en vol à chacun de ces quatre intervalles de temps, et tous ont fait preuve d'une performance satisfaisante.

Les pilules et les comprimés de la trouuse médicale sont emballés de manière à ce que les membres d'équipage aient un accès facile aux médicaments à tout moment. Les pilules sont scellées individuellement dans des alvéoles par bandes de 12 ou 24 alvéoles. Les problèmes de pression liés à l'emballage des médicaments ont été résolus en perçant chaque alvéole avec une petite épingle ; le trou permettait à l'air de s'échapper dans des conditions de pression réduite (les fournitures médicales ont été emballées à la pression standard du niveau de la mer, mais dans l'espace, le module de commande Apollo était pressurisé à 5 psi). L'utilisation de flacons pulvérisateurs standard dans un environnement en apesanteur et à pression réduite s'est avérée insatisfaisante. Les sprays sont donc remplacés par des flacons compte-gouttes, qui n'ont pas non plus donné entière satisfaction, car la probabilité de surdosage à partir d'un flacon compte-gouttes était augmenté.

Une version allégée de la trousse médicale du CM est transportée dans le LM. Pour la mission Apollo 11, celui-ci contient huit comprimés de Lomatil, quatre comprimés de Dexedrine, 12 comprimés d'aspirine, deux gélules de Seconal, un flacon de lotion oculaire à base de méthylcellulose (1%) et deux bandages de compression.


L'un des types d'articles les plus intéressants de la trousse médicale est l'injecteur médical. Des injecteurs sont fournis pour administrer des médicaments pour le mal des transports (capuchon jaune) et pour la douleur (capuchon rouge).

Les planificateurs de mission ont identifié la nécessité d'administrer des médicaments à un membre d'équipage pendant une mission en cas de maladie au tout début du programme Apollo. Dans une cabine pressurisée, il est possible d'administrer des médicaments, via une pilule ou une injection, comme cela se ferait normalement sur Terre. Cependant, en cas d'urgence, le membre d'équipage peut avoir besoin de médicaments lors d'une activité extravéhiculaire sur la surface lunaire ou dans un vaisseau spatial non pressurisé (par exemple, si l'intégrité de la coque du CM est compromise). Dans une telle situation, l'astronaute porte une combinaison pressurisée, ce qui rend l'administration de médicaments plus problématique.

La combinaison spatiale Apollo est donc conçue pour avoir un patch d'injection biomédicale pour faciliter une injection dans de telles circonstances.

Les détails spécifiques sur la conception technique de l'injecteur médical sont également rares; les chercheurs n'ont pas été en mesure de localiser les dessins techniques, les spécifications, les exigences ou les images internes des appareils. Cependant, ils ont interviewé un médecin qui a exercé les fonctions de chirurgien de vol pendant le programme Apollo.
D'après sa description, les injecteurs contiennent des seringues médicales préremplies à l'intérieur d'un tube en aluminium pressurisé. Ce tube est positionné au ras de l'extérieur de la couche de maintien et activé en appuyant sur un bouton en haut du dispositif. Une fois le bouton enfoncé, un ressort effectue deux actions : tout d'abord, il déplace la seringue et l'aiguille, faisant passer l'aiguille à travers le joint de l'injecteur, à travers le patch d'injection de la combinaison et dans le muscle de la partie supérieure de la cuisse. Le ressort poursuit son action en appuyant sur le piston de la seringue, délivrant ainsi le médicament dans le muscle du membre d'équipage. Le temps écoulé entre la pression sur le bouton de l'injecteur et la fin de l'administration du médicament est rapide (moins d'une seconde) afin d'éviter que le membre d'équipage ne se retire par réflexe avant la fin de l'injection.

Le saviez-vous ?? Outre l'accident d'Apollo 13, depuis Apollo 7, la première mission habitée du programme, jusqu'à la dernière, Apollo 17, les différents équipages ont souffert de malaises, de maladies mineures et d'autres problèmes : infections respiratoires supérieures, gastro-entérite virale, irritation à la fibre de verre, dermatite, troubles du sommeil et mal des transports, qui pouvaient tous être traités avec les médicaments transportés à bord. Un seul problème médical n'a pas pu être traité à bord : un cas d'arythmie transitoire lors de la mission Apollo 15.

Le saviez-vous (2) ?? Les astronautes ont reçu une formation médicale avant le vol pour les aider à reconnaître toute anomalie dans leur état de santé et à comprendre les effets du vol spatial sur leur corps.

Un assortiment d'accessoires, stylos, ciseaux, lampe de poche, lunette de soleil, sacs à vomissement, dosimètres individuels et de cabine ainsi que les équipements de survie.

Les accessoires de décontamination

On a fournit des accessoires de décontamination pour Apollo 11 afin d'empêcher la contamination du matériel par la poussière lunaire. On les retrouvera sur toutes les missions Apollo ultérieures.

Brosse ronde à épousseter : c'est un boîtier moulé avec des poils attachés. Lorsqu'elle est connectée au tuyau d'aspiration, elle élimine les contaminants de surface lunaire de l'équipement lunaire. Par conséquent, les poils doivent être solides, flexibles et doivent rester fermement attachés au boîtier pendant l'utilisation. Un filtre empêche l'entrée de grosses particules dans l'ECS du LM, qui fournit l'aspiration. Le type et la disposition des poils sont des facteurs primordiaux dans la conception de la brosse. Les poils en téflon sont disposés en un anneau concentrique autour d'un boîtier en élastomère Fluorel de manière à satisfaire aux exigences d'inflammabilité. Un tamis filtrant de 20 mailles est positionné dans le boîtier moulé et maintenu en place par du ciment époxy. Un anneau métallique contenant les fibres de Téflon est attaché à un anneau de Téflon, et la section d'anneau intégrée est insérée dans le logement de la brosse. Des précautions ont été prises pour éviter les arêtes vives ou les bavures qui pourraient endommager l'équipement délicat. La brosse s'interface directement avec le tuyau d'aspiration, qui est fixé au ECS du LM. La brosse à vide a fonctionné de manière satisfaisante au cours de la mission Apollo 11, éliminant les particules libres et les contaminants de l'équipement à transférer du LM au CM.

Houses de décontamination : avant le lancement d'Apollo 11, l'obligation de nettoyer et de mettre en sac tout l'équipement exposé à la surface lunaire a été établie. Cette exigence était d'empêcher toute contamination de l'environnement terrestre par des matériaux lunaires. Des housses en tissu bêta ont été fournies pour couvrir chaque élément exposé à l'environnement lunaire. Le tuyau d'aspiration et la brosse ont été utilisés pour éliminer la poussière ou les particules lunaires en vrac des articles à mettre en sac.



Le kit de survie

Le kit de survie est rangé dans deux sacs à dos. Ils sont de forme rectangulaire et fabriqués en Armalon. Chaque sac est muni d'une fermeture à glissière et d'une bride.
L'Armalon est choisi pour être utilisé dans la fabrication des sacs à dos car il répond aux critères d'être non métallque et de résister aux abrasions. Une sangle est prévue pour permettre de s'en saisir rapidement et qu'il puisse être manipuler par un seul astronaute, un anneau en D est prévu pour le fixer sur le radeau de sauvetage afin d'éviter de le perdre.
Le sac à dos n'a jamais été nécessaire lors des missions Apollo. Cependant, il a reçu de petites coupures et écorchures lors de son installation et de son retrait dans son emplacement de stockage. Malgré les petites coupures et les écorchures, l'Armalon a été le meilleur matériau disponible pour l'époque.
Les sacs à dos répondent aux exigences d'un système d'équipement de survie avec un conteneur de rangement qui est capable de permettre son retrait rapide du SC (Stowage Compartment) dans le cas d'un atterrissage d'urgence ; aussi, la conception du sac empêche la perte possible du contenu après le déploiement.

Les sacs sont stockés dans le volume de rangement R-4 situé dans la baie d'équipement avant droite du CM, en voici le contenu depuis Apollo IX (inclus) :

Sac 1 :
- 2 lampes de poches de survies combinées
- 1 kit de dessalement de l'eau qui se compose de deux sacs de traitement, de huit sachets de produits chimiques et de ruban de réparation. Chaque sachet de produits chimiques a été conçu pour produire 0,5l d'eau potable. L'eau est traitée en mélangeant de l'eau de mer et un sachet chimique pendant environ une heure. Le mélange est ensuite filtré pour produire l'eau potable, disponible à travers une valve au fond du sac
- 3 paires de lunettes à soleil
- 1 émetteur-récepteur de balise UHF (fabriqué par Sperry Phoenix Co.) radio portative alimentée par batterie à cellules sèches, réglée en permanence sur une fréquence VHF de 243 mégacycles, la fréquence de détresse internationale. La diffusion et la réception étaient limitées aux transmissions en visibilité directe
- 1 batterie de réserve pour l'émetteur radio et des câbles de connection au CM
- 1 couteau de survie dans un fourreau
- 3 conteneurs d'eau, deux de forme rectangulaires tandis que le troisième est triangulaire (pour s'adapter à l'espace disponible dans le sac de rangement). Chaque conteneur d'eau est fabriqué en aluminium (pour répondre aux exigences d'inflammabilité) et contient un peu plus 1,81 litre d'eau déminéralisée. Pendant le développement de ces conteneurs, leur côté le plus grand se déformait considérablement en raison du différentiel de pression; ce problème a été résolu en créant une empreinte formant un "X" sur chacun des deux plus grands côtés. Les conteneurs ont eu à l'origine un bouchon à pression, qui a explosé lors d'un test de décompression. Le remplacement de ce bouchon par un bouchon à vis a résolu ce problème.

Bien qu'il n'ait jamais été nécessaire d'utiliser les réserves d'eau pendant une mission, quelques membres d'équipage se sont plaints pendant l'entraînement que l'aluminium des conteneurs donnait à l'eau un goût désagréable.

- 2 bouteilles de lotion solaire hydrofuge.
Seulement depuis Apollo XIII (inclus) :
- 2 couteaux multi-usages
- 3 couvertures de survie
- 1 filet utilitaire.


Sac 2 :
- 1 cannot de sauvetage pour 3 personnes avec 2 cartouches de CO2 et un système oral pour son gonflage
- 1 ancre marine
- 2 récipients de colorant de signalisation au standard DOD qui peuvent colorer l'eau de mer en une couleur jaune-vert pouvant être reconnue par les forces de récupération à une altitude de 1524m et à une portée allant jusqu'à 16 000m.
- 3 couvres-chef solaires
- 1 cordelette d'amarage
- 3 pellerines
- 2 crochets d'attache



Le kit permet une capacité de survie de 48 heures sur Terre ou sur mer pour les 3 hommes n'importe où entre les latitudes de 40° Nord et Sud.



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Texte de Paul Cultrera, tous droits réservés, source : document PDF n°19720013196_1972013196.pdf.