Apollo VII



LES PROBLÈMES TECHNIQUES DE LA MISSION



On signalera néanmoins lors de la mission, des problèmes techniques mineurs :

- Occasionnellement, une des trois piles à combustible (la n°2) avait des hausses de température anormales (180°F au lieu d'une fourchette comprise entre 155° et 165°F), la charge électrique a été retirée de la pile à combustible pendant environ 54 minutes pour permettre son refroidissement. Des jonctions partageant la charge entre les cellules ont empêché toute panne de courant.

- Mauvais fonctionnement de la détente (devenue gluante et résistante à l'utilisation) du pistolet de distribution d'eau du à la détérioration d'un joint (gonflement de celui ci) causée par le chlore utilisé pour désinfecter l'eau.

- L'équipage s'est plaint des ventilateurs bruyants du système environnemental et a éteint l'un d'entre eux. Cela n'a pas eu beaucoup d'effet, donc les hommes ont éteint l'autre.

- Problème de condensation dans la cabine. On anticipa ce problème dans la cabine parce que les lignes de liquide de refroidissement (froid) du radiateur à l'unité de contrôle d'environnement et de l'unité de contrôle d'environnement à l'unité de mesure inertielle n'avaient pas été isolées.
Chaque fois, la condensation excessive a été noté sur les lignes de liquide de refroidissement ou dans une flaque d'eau sur la cloison arrière après des manœuvres du SPS, l'équipage devait alors utiliser un aspirateur et la vidange des urines pour évacuer l'eau dans l'espace.

- L'équipage a déclaré avoir du "brouillard" sur le hublot, en la présence d'un film qui s'est densifié sur la surface du verre au cours de la mission. L'examen après le vol révéla que le problème était dû à un produit du dégazage du joint RTV utilisé dans le hublot sur les bords de l'isolation thermique entre le bouclier et la coque de pression.

- Les charges en vol des batteries de réentrée A et B ont rendu 50 à 75% moins d'énergie que prévu.

- Un joint sur trois sacs de nourriture se fendit et l'équipage signala aussi que certains des aliments étaient mal émiettés.

- Pannes occasionnelles des deux principales lampes dans la baie à équipements inférieure.


LES "COUACS" DE LA MISSION

Au cours de leur mission, Schirra attrapa un mauvais rhume (était-ce dû à la chasse "aux pieds nus" dans les marécages de cape Kennedy?? À la température basse du module de commande?? Ou les deux réunis??) Quoiqu'il en soit, il le passa à ses coéquipiers. Ils tournaient autour de la Terre avec le nez bouché. Au fur et à mesure que la mission touchait à sa fin, ils devinrent irritables.
Devant un programme de vol déjà surchargé, ils eurent quelques mots charmants pour les contrôleurs de Houston qui leur demandaient de procéder à des vérifications inopinées de certains systèmes, Schirra parla de "bricolages à la Mickey, de tests mal préparés et de procédures conçues à la va-vite par des crétins qui se prennent pour le nombril du monde".
Schirra haussa même le ton: "Nous n’avons pas recueilli les informations que vous désirez. Nous n’accepterons plus qu’on se paye notre tête en nous faisant faire des tests dont nous n’avons jamais entendu parler".
Chris Kraft, le directeur des opérations en vol, n'apprécia guère le comportement des 3 astronautes "mutins", ce qui allait avoir des répercussions sur la suite des carrières d'Eisele et de Cunningham, Schirra ayant déjà annoncé son départ (avant le vol), ces deux derniers auront les "ailes coupées" et ne revoleront plus jamais pour la NASA.
Par la suite lors de la préparation de la réentrée, ils refusèrent de mettre leur casque et leurs gants. Du fait de leur rhume, les astronautes craignaient qu'une soudaine surpression abîme leurs tympans et provoque d'autres dégâts.

Anecdote : Lors d'une conversation avec le médecin de vol, Wally lui expliqua son cas:
-"J'ai usé une douzaine de mouchoirs. J'ai déjà pris deux aspirines, mais je voudrais quelque chose de plus fort".
Le médecin de service lui recommande alors de l'Actifed.
Pour soigner leur rhume, l'équipage utilisa la totalité du stock de comprimés (24 cps).

- Cela donna lieu à quelques publicités dans les années 80, dont voici un exemple (1986, avec Eisele)..


FINALEMENT...

Les conclusions suivantes ont été faites à partir d'une analyse des données de post-mission :

1) Les résultats de la mission Apollo VII, lorsqu'ils sont combinés avec les résultats des missions précédentes et les essais au sol, ont démontré que le CSM était qualifié pour le fonctionnement dans l'environnement de l'orbite terrestre et était prêt pour les essais dans les environnements cislunaire et lunaire.

2) Les concepts et le fonctionnement opérationnel des interfaces équipage/vaisseau spatial, y compris les procédures, l'approvisionnement, les accommodations, les affichages et les commandes, étaient acceptables.

3) Dans l'ensemble, l'équilibre thermique du vaisseau, tant pour les éléments actifs et passifs, a été plus favorable que prévu pour l'environnement circumterrestre.

4) L'endurance nécessaire pour les systèmes opérationnels sur une mission lunaire a été démontrée.

5) La capacité d'exécuter des rendez-vous en utilisant le CSM, avec des données seulement optiques à bord, a été démontrée, mais il a été déterminé que des informations complémentaires serait extrêmement souhaitable.


Débriefing de mission le 23 octobre 1968

6) Les techniques de navigation en général ont été démontrées qu'elles étaient suffisantes pour les missions lunaires, plus précisément :

- La navigation à bord utilisant la technique de suivi d'un point de repère s'est avérée possible en orbite terrestre.
- L'horizon terrestre n'était pas utilisable pour des mesures d'optique dans l'orbite basse de la Terre avec les instruments d'optiques et les techniques disponibles.
- Bien qu'un nuage de débris de particules liquides congelés provenant de l'évacuation des eaux usées ai obscurci la visibilité des étoiles avec le télescope à balayage, on pourrait s'attendre à le voir se dissiper rapidement en orbite terrestre sans contamination de manière significative des surfaces optiques.
- Les données de visibilité stellaire avec le télescope à balayage ont indiqué que dans l'espace cislunaire, sans évacuation et avec l'orientation du vaisseau spatial appropriée pour protéger l'optique du Soleil et de la Terre ou la lumière de la Lune, la reconnaissance de constellations serait adéquate pour l'orientation la plate-forme inertielle.
- La visibilité des étoiles à partir du sextant était adéquate pour des réalignements de la plate-forme dans la lumière du jour utilisant des étoiles de navigation d'Apollo le plus proche de 30° de la ligne de visée du Soleil.

7) Les tests d'acquisition et de poursuite du radar de rendez-vous ont démontré sa capacité d'exécution nécessaire aux niveaux exigés pour le rendez-vous entre le CSM et le LM.

8) Les équipements de support de la mission, y compris le réseau des vols spatiaux pilotés et les forces de récupération ont été satisfaisants pour une mission orbitale terrestre.


Anecdote : Phœnix envole-toi.. Pourquoi ce sous titre : Schirra voulait donner à Apollo VII le nom de code " Phœnix ", allusion à l'oiseau qui renaît de ses cendres, en mémoire de l'équipage d'Apollo I. L’équipage avait par ailleurs pensé à un " dessin " pour leur badge de mission. Celui-ci aurait dépeint un vaisseau spatial émergeant d’une boule de feu… Finalement les trois astronautes d’Apollo VII ne soumirent pas ce projet au comité de validation (ils tombèrent d’accord pour dire que ce badge allait certainement heurter quelques sensibilités voire être taxé de mauvais goût). L'idée générale fut néanmoins écartée par la direction de la NASA.

L'approvisionnement: (provisioning en Anglais) est un terme utilisé dans le monde de l'informatique, désignant l'allocation automatique de ressources.. (A ne pas confondre avec les réserves de choses utiles : stock ou supply en Anglais).



PETIT BONUS...
Les mimiques d'Eisele.


Avant vol

Pendant..

Après

Merci à Dominique M pour la dernière photo.